Brésil-Uruguay: le coup de génie de Pelé

La rivalité séculaire entre brésiliens et uruguayens Les rencontres entre les deux formations, ont depuis 1950 largement dépassé les frontières de ces deux grandes nations de football avec à elles deux, pas moins de sept titres de champions du monde, l’Uruguay vainqueur de la première édition en 1930 à la maison puis en 1950 en […]
par
sambafoot_admin
2016-03-25 15:37:00

La rivalité séculaire entre brésiliens et uruguayens

Les rencontres entre les deux formations, ont depuis 1950 largement dépassé les frontières de ces deux grandes nations de football avec à elles deux, pas moins de sept titres de champions du monde, l’Uruguay vainqueur de la première édition en 1930 à la maison puis en 1950 en terre brésilienne. Le Brésil lui se taillant encore à l’heure actuelle la part du lion avec cinq victoires, 1958, 1962, 1970, 1994 et 2002.

C’est toujours un spectacle et l’affrontement de deux styles totalement différent lorsque la Seleção et la Celeste se retrouvent sur une pelouse, avec la beauté, les actions sensationnelles du côté brésilien face à la légendaire « Garra » côté uruguayen. Que de grands noms du football se sont succédés sous les différents maillots, que d’émotion, de buts, de bagarres, lesquels sont venus alimentées  l’histoire avec un  grand H de ces affrontements.

Le premier coup d’envoi

La première rencontre entre les deux équipes, ne date pas d’hier, en effet il faut remonter au 12 juillet 1916 lors de la Copa América organisée en Argentine, pour trouver trace de la première rencontre, laquelle s’était soldée par une défaite de la jeune sélection brésilienne qui jouait sa cinquième rencontre internationale de son histoire, alors que du côté uruguayen, la Celeste fêtait sa trente-septième sortie.  Le premier buteur de l’histoire, Arthur Friendenreich, la première grande figure du football brésilien, Isabelino Gradin avait égalisé et José Tognola, portait le coup de grâce à la Seleção.

Mais l’histoire commune qui fût jalonnée de rencontres épiques et autres, comme le drame national vécut en 1950 par tout un pays, lors de la défaite en finale de la Seleção au Maracanã, 1-2, et qui encore aujourd’hui résonne et est toujours présente dans les mémoires de chaque brésilien, lorsque la Seleção doit affronter la Celeste, une défaite qui est plus blessante que le 7-1 en 2014 face à l’Allemagne, n’a pas effacé ce qui est appelé du côté de Rio, São Paulo, Porto Alegre et dans tout le Brésil, le Maracazano.

Deux joueurs sont sortis du lot des vingt-deux acteurs de cette finale, le portier brésilien, José Barbosa, tenu pour LE responsable de cette défaite durant toute sa vie, il était le chat noir que tout le monde évitait de croiser, il avait déclaré « Au Brésil, la peine maximale pour un crime est de 30 ans. Moi, je paie depuis plus de 43 ans pour un crime que je n’ai pas commis »

Et Alcides Ghiggia, l’attaquant qui a inscrit le but de la victoire uruguayenne, lequel avait déclaré dans les années 60 sur le plateau de la Globo, « Seuls trois personnes ont réussi à faire taire le Maracanã, Frank Sinatra, le Pape et moi. »

Depuis cet épisode tragique pour les brésiliens, bien d’autres rencontres se sont disputées, mais il aura fallu patienter jusqu’au 17 juin 1970 pour assister à une rencontre qui aurait pu passer presque qu’anecdotique, comme cette série avant cette rencontre de six matches sans défaites pour les brésiliens, dont lors de la dernière, un succès 4 à 0 au Maracanã, sur le score de 4 à 0.

Mais voilà la Seleção, possédait pour ce mondial, le Roi Pelé, lequel participait et ce malgré diverses pressions de poursuivre au-delà de ce mondial mexicain, de porter encore une fois en phase finale d’une Coupe du monde, la tunique auriverde. Une rencontre qui encore aujourd’hui est restée une légende, grâce au génie de Pelé.

Le mondial 70, quel régal

Le mondial 70, est encore à l’heure actuelle, sans doute la plus belle coupe du monde qu’il a été de vivre, presque toutes les grandes nations étaient présentes, le public était au rendez-vous, et les plus grands noms du football international des seventies au sommet de leur art.

Pour ce mondial, seize nations étaient présentes pour disputer le titre suprême, convoité par toutes les équipes et joueurs, mais comme tout il y a un vainqueur et un perdant, au final et quelle finale, une victoire 4-1 sans conteste d’une Seleção à l’apogée de son art, laquelle a balayée le temps d’une mi-temps, la Squadra Azzura italienne, certainement l’une des plus fortes que le football transalpin ai connue.

Mais avant de valider son billet pour cette apothéose, il y eut une demi-finale à disputer face à la Celeste, une rencontre tant attendue de part et d’autre, avec des uruguayens qui nourrissaient l’espoir de conserver leur invincibilité en coupe du monde face au Brésil, et des brésiliens revanchards qui voulaient prendre le meilleur et ainsi effacer de moitié ce cauchemar de 1950.

Le monde du football se régalait d’avance de cette manche, qui allait non seulement mettre en émoi des milliards de spectateurs, mais des millions de brésiliens et d’uruguayens, les yeux rivés sur les écrans de télévisions, car ce mondial fût le premier à retransmettre en direct les rencontres, et pour d’autres moins fortunés, l’oreille collée sur un transistor.

Une Celeste qui n’avait donc sur ses résultats pas du tout enthousiasmé les amoureux du football et même pas rassurés les millions d’uruguayens. Pour ce mundial, la fédération uruguayenne avait confié la préparation psychologique de la Celeste à Juan Ortiz, l’entraineur de la sélection qui vingt ans auparavant avait causé la première grande surprise de l’histoire des Coupes du monde.

Une Celeste qui avait obtenu son billet pour le mondial aux dépens de l’Equateur et du Chili, avec un bilan de trois victoires pour un nul, n’ayant inscrit que cinq buts pour zéro d’encaissé. Puis avait disputé deux rencontres de préparations face au Pérou de Didi, remportée 2-0 et subie une défaite 2-1 face à l’Argentine absente de ce rendez-vous planétaire.

Côté brésilien, tout n’avait pas été à l’unisson, puisque la Seleção avait été secouée par pas mal de remous, malgré une campagne éliminatoire satisfaisante avec une qualification nette aux dépens de la Colombie, du Paraguay et du Venezuela, et un bilan enchanteur de six victoires en autant de matches, vingt-trois buts inscrits pour seulement deux de concédés. Mais juste avant le coup d’envoi de cette phase finale, João Saldanha quitta ses fonctions et fût remplacé par un ancien double champion du monde en la personne de Mario Zagallo. Pour construire la Seleção autour du Roi Pelé, une série de cinq rencontres amicales fût organisée, et tout le peuple brésilien ne semblait pas non plus très rassuré, avec un bilan de trois succès pour deux nuls, mais malgré cela, les instances dirigeantes de la CBD, ont décidé que Zagallo dirigerait la Seleção au Mexique. Lequel essuyait les critiques de la presse brésilienne, notamment en ce qui concerne le choix de son gardien et défenseurs.

Le contexte des deux équipes

Avant le coup d’envoi en ce 17 juin 1970 sur la pelouse du Jalisco de Guadalajara, le Brésil s’était débarrassé successivement, de la Tchécoslovaquie de Viktor 4-1, et cette tentative de Pelé, qui du milieu de terrain a tenté un lob sur l’immense gardien tchécoslovaque, puis de l’Angleterre de Bobby Moore 1-0, là encore Pelé échouait de peu, puisque sa reprise de la tête, fût sortie de façon magistrale par Gordon Banks, et enfin de la Roumanie de Mircea Lucescu, aujourd’hui entraineur du Shakhtar Donetsk, sur le score de 3-2, en quart ce fût au tour du Pérou de Didi de mordre la poussière 4-1. Autant dire que le Brésil de Mario Zagallo était le favori non seulement de la rencontre mais du tournoi. Mais les critiques envers son gardien Félix étaient bien présentes, notamment de la part d’un journaliste, qui n’avait hésité à lancer à Zagallo, des propos recueillis par Robert Vergne, journaliste de l’Equipe « que la défense de son Brésil était la plus mauvaise du Mondial, encore que je n’ai pas pu voir celle du Salvador. »

Quant à l’Uruguay, cela fût beaucoup plus laborieux, avec un unique succès 2-0 face à Israël, suivi de d’un matche nul, 0-0 face à l’Italie et s’est octroyé la seconde place qualificative, malgré une défaite 1-0 face à la Suède. En quart il aura dû attendre la 116’ minute pour que Victor Esparrago, offre le billet pour les demis, après la courte victoire 1-0 face à l’URSS.

Le coup de génie de Pelé

Pour cette demi-finale, c’est à un arbitre espagnol que fût confié l’honneur de diriger cette rencontre qui faisait la une des gazettes du monde entier, M. José Ortiz de Mendizabal, un choix qui n’a pas pour autant créé à une certaine injustice de la part de Zagallo.

A l’entrée des vingt-deux acteurs, le stade dans sa grande majorité avait pris fait et cause pour les auriverde, lesquels proposaient un  jeu séduisant par rapport à la Celeste toujours aussi rugueuse.

Le cauchemar du Maracanã, était présent dans toutes les têtes brésiliennes et les uruguayens comptaient bien s’en servir pour ses retrouvailles entre les deux équipes dans un mondial. Côté brésilien c’est l’équipe type qui s’est qualifiée brillamment qui est alignée, avec Pelé en tête, pour la formation de Juan Eduardo Hohberg, argentin de naissance, naturalisé uruguayen, il a pu compter sur son gardien Mazurkiewicz, Roberto Matosas et de Luis Cubillas.

Dès le coup d’envoi, la Celeste fidèle à son style de jeu rugueux, gêna considérablement la virtuosité des brésiliens, d’autant que l’arbitre sur certaines interventions uruguayennes semblait bien complaisant et pouvait à certains moments se comporter comme un douzième uruguayen, malgré la distribution de quatre avertissements aux joueurs de la Celeste, un minimum à la vue des fautes. Des brésiliens toujours autant mal à l’aise face à des formations rugueuses, brutales et physiques.

Une situation qui a  conduit la formation de Zagallo, à perdre de nombreux ballons, et c’est sur une perte de balle et une fébrilité de la défense auriverde, que l’Uruguay allait trouver le chemin des buts de Félix. Carlos Alberto le capitaine brésilien, donne un ballon en retrait à Brito, qui veut lui rendre, mais le donne dans les pieds de Morales, qui après avoir débordé, donne en direction de Cubilla, lequel étrangement seul, oublié par Piazza et Everaldo, a tout le temps de contrôler du genou, et d’une balle liftée, trompe Félix. Stupeur dans un Jalisco devenu subitement muet. Il faudra une bonne demi-heure à la Seleção pour se remettre dans le bon sens, avec le soutien inconditionnel du public, qui était devenu le douzième homme brésilien, les joueurs de Zagallo allaient égaliser juste avant la pause, sur un formidable tir de Clodoaldo co-équipier de Pelé à Santos, suite à un échange avec Tostão, son tir trouvait la lucarne de Mazurkiewicz, qui était à l’époque le meilleur gardien du continent. Un but qui allait relancer le Brésil et le match. En seconde période deux autres buts brésiliens auront permis à la Seleção, de valider son billet pour la finale, tout d’abord à la 75’ minute par Jairzinho, à la suite d’un super une-deux avec  Tostão. Il restait une poignée de secondes à jouer, lorsque Pelé délivrait une passe à Rivellino, lequel ajustait le gardien uruguayen. Des joueurs uruguayens qui auraient pu revenir à hauteur des brésiliens, sur un coup de tête de Cubilla, sur lequel Félix s’employait de belle manière pour éviter une égalisation.

Mais au-delà de cette victoire ô combien méritée, et ses trois buts inscrits, le Brésil avait en la personne de Pelé, offert au monde entier, une action qui encore aujourd’hui est restée comme le geste de génie du Roi du ballon rond.

C’est en seconde période, que Pelé a émerveillé le monde avec cette tentative de but qui a fait le tour du monde. Tout a commencé avec une passe de Jairzinho vers Tostão, ce dernier lancé dans la profondeur Pelé, et coup de génie, Pelé laissait passer le ballon, ce qui a trompé Mazurkiewicz, Pelé repris le ballon et déclenchait un tir un peu trop croisé qui passait devant le but uruguayen.

Ce fût assurément le geste de ce mondial et qui d’autre que Pelé en personne aurait pu imaginer, et tenter, que seuls sont capable de réaliser les  génies du ballon rond.

Suivant

par
sambafoot_admin
Mars 25, 2016