Alex Teixeira, ce gamin aux pieds en or et à la tête bien pensante

Alex Teixeira Santos, de son nom complet, n’est pas le plus connu des footballeurs brésiliens, loin s’en faut. Mais il a une particularité, celle de jouer en Ukraine. Et au Shakhtar Donetsk plus précisément. La réputation de ce club à dénicher des promesses brésiliennes vouées à réussir au plus au niveau n’est plus à faire. […]
par
sambafoot_admin
2015-09-18 15:52:00

Alex Teixeira Santos, de son nom complet, n’est pas le plus connu des footballeurs brésiliens, loin s’en faut. Mais il a une particularité, celle de jouer en Ukraine. Et au Shakhtar Donetsk plus précisément. La réputation de ce club à dénicher des promesses brésiliennes vouées à réussir au plus au niveau n’est plus à faire. Alex Teixeira, évidemment, est programmé pour suivre les traces de Willian, Fernandinho, et autre Diego Costa.

Le football pour échapper aux Favelas

La formule est posée, le cliché vite trouvé. Celui d’un gamin brésilien, comme on l’a si souvent entendu ou lu, qui trouvait dans le football un moyen de ne pas filer vers un avenir sombre et malsain. Celui d’un gamin brésilien, né un 6 janvier 1990, qui ne vivait de pas grand chose, qui pouvait parcourir des kilomètres pour aller à pied à l’école, ou tout simplement abandonner et s’inspirer de certains de ses « aînés » du quartier. Celui d’un gamin qui voyait autour de lui des familles déchirées par les trafics en tous genres et la criminalité. Le décors est planté, la réalité vite dessinée. Alex Teixeira grandit donc dans les Favelas de Rio de Janeiro, et se trouve vite confronté face à deux options : choisir le bien ou la facilité. Choisir un échappatoire ou se laisser aller. Et le jeune Alex Teixeira, lui, préfère jouer au football, et ne veut pas d’histoires. Il s’entraîne comme il peut, mais il ne fait de mal à personne.

Et il ne tarde pas à trouver une porte de sortie. Il a neuf ans quand le club professionnel de Vasco de Gama, friand de futures pépites, lui fait intégrer son centre de formation. Les clubs brésiliens aiment dénicher leur joueur dans les clubs de quartiers, souvent dans des régions où ce n’est pas l’argent qui fait le bonheur. Avec plus ou moins de succès. Bonne pioche, dans ce cas là. Le petit se révèle être extrêmement doué, et sera surclassé dans pratiquement toutes les catégories de jeunes, au poste d’attaquant ou de milieu offensif, à partir de ses quatorze ans. Deux ans plus tard, certains clubs du Vieux Continent (Manchester United, Manchester City, Chelsea) commencent à flairer la bonne affaire, mais Vasco ne cède pas aux sirènes. Alex Teixeira, lui, poursuit sa formation tranquillement. Il sait d’où il vient, il est imperturbable. C’est en 2008 que tout se concrétise. Les Favelas sont loin derrière lui lorsqu’il participe en Janvier au tournoi de Dubaï avec l’équipe sénior, et encore plus distantes, après que le président du club ne se décide de passer aux choses sérieuses. Un contrat de cinq ans, le rêve est atteint. Deux saisons pleines plus tard, (61 matchs, 11 buts) et le Shakhtar saute sur l’occasion d’attirer dans ses rangs un brésilien de plus.

Une destinée toute tracée

C’est ainsi qu’Alex Teixeira rejoint une colonie brésilienne déjà bien fournie en Ukraine – Fernandinho, Jádson, Ilsinho, Luiz Adriano, Willian et Leonardo – alors que quatre ans auparavant, il aurait pu rejoindre le gotha du football européen. Mais le jeune brésilien prend son temps. Et à 20 ans, il est prêt, et ne tarde pas à le démontrer. Après trois premières saisons correctes, il commence à prendre le jeu à son compte depuis deux ans, et est aujourd’hui le leader incontesté du club ukrainien, ce que reconnaît sans détours son entraîneur actuel, Mircea Lucescu : « Ce n’est pas seulement le leader des Brésiliens, c’est le leader technique de l’équipe. » On ne pourrait pas donner tort à l’ancien international roumain. C’est simple, Alex Teixeira sait véritablement tout faite. Milieu offensif ou attaquant, le brésilien aujourd’hui âgé de 25 ans se distingue par sa vitesse, sa technique, et son adresse devant le but. Il est doté d’une conduite de balle exceptionnelle, le ballon lui colle littéralement au pied, à la Messi pourrait-on dire, sans qu’il ait le même style de jeu et le même rendement. 

Toutefois, de plus en plus d’observateurs s’accordent à dire qu’Alex Teixeira est aujourd’hui sans doute l’un des meilleurs milieu de terrain du monde. Il sait simplement tout faire, et est en plus très réactif et clairvoyant dans son jeu. Et comme Fernandinho, Willian et Douglas Costa, Alex Teixeira devrait lui aussi tenter sa chance dans un club plus huppé. Tous les voyants sont au verts. Déjà, il est surveillé de près un peu partout en Europe. Et le brésilien semble avoir fait le tour en Ukraine, où il entame déjà sa cinquième saison. Et ce n’est pas sans rappeler les trois joueurs précédemment cités, qui eux aussi ont pris leur temps, se sont imposés au Shakthar, avant de faire les beaux jours de clubs plus prestigieux. À croire que Donetsk est une sorte de Terre Sainte pour les brésiliens. À 25 ans, Alex Teixeira est à l’apogée de sa carrière ukrainienne, avec 17 buts plantés la saison passée, et déjà 7 marqués cette année en seulement 6 matchs de championnat, une balade après plus de 200 matchs au total sous le maillot des « mineurs ». Le joueur se donne toujours à fond. Pour autant, on peut comprendre qu’il puisse avoir des envies d’ailleurs. Puisqu’il en a la potentiel. Puisqu’il voit partir un à un ses « potes » brésiliens. Et en point d’orgue, la guerre politico-militaire entre la Russie et l’Ukraine n’arrange pas les choses. Août 2014 : L’escalade militaire fait rage, et la Dombass Arena, l’antre de l’équipe, est détruite, en pleine pré-saison. Teixeira, accompagné de cinq autres joueurs (Fred, Dentinho, Douglas Costa, Ismaili et Fereyra), profite d’un match à Lyon pour ne pas revenir en Ukraine. Lucescu ne sait plus ou donner de la tête. Les joueurs décident de rentrer à Lviv, où s’entraîne désormais le Shakthar, mais nul doute que cet épisode puisse donner d’autant plus envie de prendre la poudre d’escampette. Dans tous les cas, pour sa propre progression, Alex Teixeira, doit partir, et ça ne saurait tarder.

Quid de la sélection brésilienne ?

Si tout est parfait en club, au point qu’il devienne l’un des milieu de terrain les plus dangereux sur le Vieux Continent, Alex Teixeira ne compte aujourd’hui aucune sélection avec le Seleção, ce qui peut sembler totalement contradictoire avec la présentation qui est faîte du joueur. Alex Teixeira, c’est cinq championnats d’Ukraine au palmarès, ainsi que trois coupes d’Ukraine et deux Supercoupe d’Ukraine. L’expérience est là, l’esprit de la gagne également. Surclassé avec Vasco de Gama, le jeune Teixeira était également appelé avec les équipes de jeune de la Seleção. Avec les moins de 15 ans, il gagne la Copa America, performance qu’il réédite en 2007 avec les moins de 17 ans. Puis il participe en 2009 à la Coupe du Monde des moins de 20 ans, pendant laquelle il brille d’entrée, en inscrivant trois buts lors du premier match des brésiliens face au Costa Rica. 

Il inscrite également un doublé face à l’Uruguay en huitième de finale, mais loupe son tir au but en finale face au Ghana, ce qui coûte la victoire finale au Brésil. Qu’à cela ne tienne, Alex Teixeira est tout de même élu deuxième meilleur joueur de la compétition. Mais le constat, à l’heure actuelle, est implacable. Pourquoi un joueur d’une telle valeur n’a jamais connu les joies de la Seleção ? Un manque de visibilité, sans doute, mêlé à la concurrence qui règne au sein de la sélection à son poste. Alex Teixeira prend son temps, et ça lui réussit plutôt bien jusqu’à maintenant. Mais il ne faut pas trop traîner, parce que les jeunes joueurs poussent derrière. Son style de jeu peut faire un bien fou à la Seleção. Seulement, il devra signer des performances exceptionnelles en championnat ukrainien, ou partir vers d’autres cieux et montrer qu’il peut s’imposer dans un « Top club ». Une suite logique pour un joueur bourré de talent, et qui, potentiellement, pourrait avoir la capacité de se faire son trou – petit à petit – dans n’importe quelle équipe.

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