A chacun son Mondial: les « anciens » voient la victoire du Brésil

A RIO. D’autant qu’il y a des mauvais souvenirs qui ne s’effacent pas. Amaro (79 ans) avait l’oreille collée à sa radio quand, en 1950, il a suivi le Maracanazo, avec cette défaite finale pleine de drames face à l’Uruguay (1-2). « J’habitais au centre du pays, il n’y avait pas la télévision, j’avais 15 ans. […]
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sambafoot_admin
2014-07-08 19:00:00

A RIO.

D’autant qu’il y a des mauvais souvenirs qui ne s’effacent pas. Amaro (79 ans) avait l’oreille collée à sa radio quand, en 1950, il a suivi le Maracanazo, avec cette défaite finale pleine de drames face à l’Uruguay (1-2). « J’habitais au centre du pays, il n’y avait pas la télévision, j’avais 15 ans. C’étaient les premiers matchs au Maracana. On voulait le titre… »

Ce matin, parce que c’est jour important, il a enfilé un tee-shirt à la gloire de la Seleçao. « Toujours ! Et dès que je me lève. Je le fais seulement quand il y a une rencontre. D’habitude, je porte un uniforme, pas là…»

Là, justement, on l’a surpris chez le barbier, le menton encore mousseux. Ce qui ne l’empêche guère de parler avec plaisir de ce Brésil – Allemagne de fin d’après-midi. « Ce sera un beau match, difficile. » Mais avec un 2-0 au bout. « Il n’y aura ni Neymar ni Thiago Silva, nos deux meilleurs joueurs. En face, c’est très fort. »

Lui sera chez lui, au calme. « Je suis plus attentif, plus concentré sur le jeu. J’encourage le Brésil. » Au réveil, il a pensé à prendre ses médicaments pour le cœur. Alors il sera serein. Il ne risque rien. « Je me suis préparé », sourit-il. « Mais ce sera très tendu. »

Un peu plus loin, à l’heure du petit déjeuner, café à la main, Fernando (59 ans) a lui aussi la chemise aux justes couleurs (du jaune, du vert, un peu de bleu aussi). Il est dehors, à l’heure de la demie, il sera chez lui. Lui aussi. « Je ne sortirai qu’après, pour faire la fête », rigole-t-il. « La maison, c’est plus confortable. J’ai un écran énorme, je peux mieux voir le jeu. Je serai plus confortable, avec une bière, des apéritifs. »

Entre ses quatre murs, il partagera ces moments d’émotion en famille, dans l’intimité des siens. Lui, c’est un 2-0 qu’il voit à la fin. D’autant qu’une telle victoire ne peut être anodine. « Pour le peuple, c’est tellement important. Je crois qu’avec un succès, les choses vont aller mieux pour nous, sur le plan économique déjà, il y aura la paix sociale aussi. »

La Seleçao n’évolue pas seulement pour sa gloire personnelle, le compte en banque de ses joueurs, mais toute une nation, la bonne santé de tout un pays. A lui, Fernando, le Mondial lui fait revenir en tête des images de Garrincha, en 1962 (victoire finale face à la Tchécoslovaquie, 3-1). « Je ne l’ai jamais vu en vrai, seulement à la télévision. J’étais petit, j’ai beaucoup fêté ensuite. Mais tout à l’heure, je ne sortirai pas, il y a trop de monde. Je préfère rester chez moi. D’ailleurs, je regarde tous les matchs de la Seleçao, c’est mon rituel à moi. Que ce soit en Coupe du monde ou une rencontre amicale. Et je mets le maillot (de la Seleçao). C’est le jour où je peux l’enfiler. »

Paulo (69 ans), surpris en pleines courses à la supérette du coin, à deux rues de Copacabana, a, lui, sur le dos, la tenue officielle de l’équipe nationale. Et tout propre ! « Je l’avais mis à laver, il était sec… » Il a l’air calme, encore, mais lui aussi a des soucis cardiaques, alors il sera chez lui au coup d’envoi. « J’ai mes médicaments à portée de main. »

D’autant que « ce sera tendu ». Surtout avec une issue qui pourrait entraîner des conséquences autres que sportives. « Il y a beaucoup d’attentes sociales. Le peuple brésilien place beaucoup sur ces matchs. Quand le Brésil gagne, tout va bien. S’il y a défaite, tout ira mal. Pour moi ? C’est du football, un jeu. »

Il se pourrait même qu’il ne regarde pas. Enfin, c’est ce qu’il dit. « Dans ces cas-là, je guette les cris dans la rue. Dès que j’entends qu’il y a un but, j’allume. » Il n’y a que du positif, à regarder, c’est mieux pour son cœur malade. « J’ai côtoyé des gens importants, des ministres, je suis quelqu’un de calme. Mais, je le perds quand je suis au bord du précipice, quand il y a une tension particulière. » Cette demi-finale de Coupe du monde en sera une.

Ce soir, il va attendre la fin des débats. « Après je sortirai avec ma femme dans la rue, pour l’ambiance. » Il humera pleinement de la victoire.

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