A chacun son Mondial: Vasco, l’essence du football brésilien

A RIO La demi-finale approche, au Vasco de Gama, club perché au nord de la ville, dans le populaire quartier de Sao Januario, on mène son train de vie. Pas de drapeau à la gloire de la Seleçao, juste les jeunes du club qui se croisent entre deux entraînements. La pelouse a été refaite à […]
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sambafoot_admin
2014-07-08 14:12:00

A RIO

La demi-finale approche, au Vasco de Gama, club perché au nord de la ville, dans le populaire quartier de Sao Januario, on mène son train de vie. Pas de drapeau à la gloire de la Seleçao, juste les jeunes du club qui se croisent entre deux entraînements.

La pelouse a été refaite à neuf, pas les travées, toujours dans leur jus des temps glorieux. Tant pis si la deuxième division est actuellement son univers. Il y a des élections présidentielles (celles du club) qui se préparent, le mois prochain, avec neuf candidats en lice.

L’époque est rude pour l’ancien antre de Roberto Dinamite et Romario, mais on poursuit ce qui a toujours fait la force de la maison, la formation.
Dans les sélections de jeunes, en Championnat du monde ou en tournoi, on y trouve tout plein de mômes qui sortent de là, vifs et techniques. Le secret ? Le futsal, qu’on appelait autrefois « football de salon ». Marco A.Domingues est le coordinateur de cette variante de la balle, qui se pratique à cinq (quatre dans le champ, un dans le but) sur un terrain rétréci.

« Tous nos jeunes commencent là, c’est un passage obligé. » Jusqu’à treize ans, on ne voit guère de minot courir dans l’herbe. Le terrain, c’est pour plus tard, l’enfant travaille ses bases en salle. « C’est mieux pour démarrer. » D’ailleurs, tous ceux de la Seleçao actuelle sont passés par là.
« Nous, à Vasco, on travaille comme ça depuis longtemps, dès les années 1960, 70. Puis la filière s’est structurée. Aujourd’hui, tous les grands clubs font la même chose. » C’est ainsi que vit encore le football brésilien, avec sa justesse technique, son art du maniement du ballon. Cela compense la disparition progressive des terrains vagues, où les Pelé, Garrincha et autres ont effectué leurs premiers faits d’armes.
« Le futsal, sur un petit terrain, permet aux plus jeunes d’avoir plus de contacts avec la balle, de mieux travailler avec elle. Il se familiarise avec elle. Notre département futsal existe d’abord pour former nos jeunes joueurs. » Après, certains continueront dans cette voie, dans le meilleur championnat spécifique au monde, avec une sélection nationale cinq fois sacrée en Mondial.

D’autres passeront au football à onze. Les Cariocas de l’actuelle Seleçao, Julio César (ancien de Flamengo) et Marcelo (ex-Fluminense), ont tapé leurs premiers ballons entre quatre murs. « Souvent, le jeune au Brésil, commence dans un club de son quartier, puis il arrive en club et passe par le futsal. Tous le font. » Des plus grands (Zico, Rivelino, Ronaldo, Ronaldinho, Neymar Jr) aux autres, tous les autres.

« A la Coupe du monde (celle-ci), Il n’y a pas un joueur de la Seleçao qui ne soit pas passé par le futsal. » Même les arrières centraux, ces grands gaillards qui ont pourtant dû se sentir bien grands sur une aussi petite surface. « David Luiz et Thiago Silva ont commencé là, eux aussi. Socrates, à l’époque, aussi. » Lui aussi était grand (1,93m).

« Ces joueurs ont le même besoin de travailler leur habileté, ils sont obligés de jouer vite, de vite s’adapter à l’adversaire dans des espaces réduits, à réagir rapidement, à ne pas manquer de discernement. » On y façonne le sens du duel, les qualités physiques aussi, « la coordination motrice ».
Autre aspect cher au Vasco, le lien social entre les joueurs. Le quartier n’est pas huppé, de là démarrent quelques favelas. D’ailleurs, on s’y sent presque, on ne traîne pas dans les rues autour du stade la nuit. Loin du Rio des plages, entre Leme et surtout Ipanema, on est en plein Rio des terres, avec sa forte pauvreté, son besoin de réussite à travers le football.

« Le futsal permet un lien social plus facile. L’équipe n’est pas nombreuse, les relations sont plus faciles, plus fortes, plus rapides. » Le Vasco recrute auprès des quartiers de la périphérie, énormément dans les favelas. Et cette intégration des délaissés du Brésil est une identité du club.
« Flamengo est le club le plus populaire au Brésil, nous sommes le deuxième à Rio, le cinquième au Brésil. Mais Flamengo est dans un quartier riche (au Sud, près de l’aéroport Santos Dumont) et n’est donc pas au milieu de ses supporteurs. Nous, on vit avec eux, au milieu d’eux, on a une influence dans Sao Januario. »
Tout en multipliant son fort réseau de détection, avec des écoles de football à travers tout le pays. Vasco de Gama n’est plus un géant de la nation (son dernier titre national, il faut aller le chercher en 2000, l’année d’une victoire en Mercosur) mais il reste, avec ses jeunes, un grand du football. De quoi expliquer l’ambiance train-train observée ce lundi, veille de demi-finale de Coupe du monde. Le Vasco est un grand qui sommeille, il n’est pas mort.

Trois questions à Mauro Galvão


« 1-0 avec but de Fred »

L’ancien international (26 sélections), défenseur central, œuvre actuellement au Vasco de Gama. Médaillé d’argent aux Jeux de 1984, champion de la Copa América en 1989, quatre fois champion du Brésil. Il s’est confié à la veille de la demi-finale mondiale.

Thiago Silva est suspendu pour ce match. Dante va le remplacer. Qu’en pensez-vous ?
Avec David Luiz, Thiago Silva forme le meilleur duo actuellement. En plus, les deux vont jouer à Paris. Mais quand on est en sélection, il faut être prêt à toute éventualité. On ne peut pas dire qu’on est seulement là pour regarder les autres.
Dante est gaucher, il va donc évoluer à gauche de la défense centrale, là où David Luiz a ses habitudes. Poste par poste, Dante va jouer à la place de David Luiz, lequel va évoluer à celui de Thiago Silva. Des repères faciles à trouver ?
C’est plus facile pour David Luiz de changer. C’est un joueur d’expérience, capable de s’adapter. A Chelsea, il évolue déjà au milieu de terrain, là il est en défense centrale. Et il est toujours aussi fort. Moi, j’ai toujours été à gauche, puis il est arrivé un gaucher et j’ai dû changer, pour passer à droite.

Comment voyez-vous cette demi-finale ?

J’ai vu le match de l’Allemagne contre la France (1-0 en quart de finale) et je pense que le jeu sera très disputé au milieu de terrain. L’Allemagne est très forte tactiquement, elle montre une possession de balle très forte. Au Brésil, on a des joueurs capables de faire la différence individuellement. Je pense qu’il y aura un duel entre la tactique allemande et la qualité technique brésilienne. Mon pronostic ? 1-0, avec but de Fred.

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