« Comment pourrais-je refuser le Barça, le Real Madrid, le PSG ou Chelsea ? » Ces propos signés Lucas Lima datent d’il y a une semaine, mais cela fait désormais plus d’un an que le meneur de jeu brésilien affiche publiquement son envie d’évoluer en Europe. Une ambition légitime. Modesto Roma, le président du FC Santos, avait réussi à le retenir l’année dernière en lui promettant un bon de sortie pour cet été. Mais la donne a changé. Le Peixe est désormais prêt à déchirer son plafond salarial de 50 000 euros mensuel pour lui en offrir 75 000 euros par mois. Loin des émoluments qu’il pourrait toucher sur le Vieux Continent. Mais l’Europe, plus qu’une sécurité financière, est un rêve purement sportif pour Lucas Lima, une suite logique pour un joueur, qui, à 25 ans, a atteint l’âge de la maturité.
Leader technique de la Seleção pour la Copa America ?
Blessé depuis le début du mois de mai, Lucas Lima a pu effectuer son retour à la compétition dimanche dernier, lors de la victoire de Santos face à Coritiba (2-1) comptant pour la 2ème journée du Brasileirão, et qui pouvait sonner comme la dernière apparition de Lucas Lima sous le maillot de Santos. Le joueur le dit lui-même, il n’est pas sûr de revenir dans son club de coeur à l’issue de la Copa America, son prochain grand objectif.
Avec 8 sélections à son actif et un but face à l’Argentine, Lucas Lima n’a pas mis longtemps pour convaincre Dunga d’en faire un titulaire en puissance. Un changement de statut express, que le joueur est prêt à assumer : « La concurrence, c’est bien, je me sens de plus en plus relâché en sélection. J’espère tenir mon rang et montrer mon potentiel, ma valeur avec cette sélection. » Mais une autre donne pourrait ériger Lucas Lima au rang de star de la Seleção : l’absence de son capitaine, leader charismatique et technique, Neymar, que le Barça a sommé de choisir entre la Copa America et les Jeux Olympiques. Signe de son importance grandissante au sein de la sélection brésilienne, Lucas Lima a hérité pour la compétition du numéro 10 porté habituellement par l’attaquant du Barça, et que Pelé, Raï, Rivaldo, Ronaldinho ou Kakà ont porté avant lui. Lucas Lima a su se montrer convaincant à chacune de ses apparitions avec la Seleção et est même passé devant Coutinho dans l’esprit de Dunga. Un honneur pour le principal intéressé, qui pense avoir les épaules assez solides pour assumer ce rôle : « Je suis très heureux. Pour moi, c’est un honneur, tout le monde rêve de porter ce numéro 10. C’est un privilège, j’espère répondre aux attentes surtout après tous les grands joueurs qui ont pu évoluer avec ce numéro 10 et qui ont su faire la différence. Je suis habitué à jouer dans les deux schémas : avec ou sans attaquant de pointe. A Santos, nous jouons dans ces deux systèmes avec Gabriel, qui ne reste pas forcément plein axe. Donc cela ne va pas trop changer ma façon de jouer. Je suis ici pour me faire ma place et remporter des trophées avec la Seleção. Je sais que j’ai beaucoup de choses à prouver en équipe nationale. Il n’y a rien de mieux que de voir son nom associé à un titre de champion avec la Seleção. » À 25 ans, Lucas Lima semble avoir l’expérience et la maturité pour ne pas déchanter dans son nouveau rôle d’organisateur du jeu de la Seleção. Un rendu plus important encore par l’absente de Neymar, et la blessure de Douglas Costa.
Avec Neymar, Douglas Costa et Willian, Lucas Lima pourrait bien faire partie d’un quatuor offensif alléchant pour les prochaines années, avec des jokers comme Coutinho, Ricardo Oliveira, Jonas, ou encore son coéquipier à Santos, Gabriel Barbosa.
À la conquête de l’Europe
Lucas Lima, qui a su s’imposer très rapidement avec la Seleção, pourrait voir sa côte et son prix exploser en cas de victoire finale de la Seleção à la Copa America et de bonnes performances de sa part. Pas d’inquiétude pour le joueur si ce n’est pas le cas : en Europe, il est le brésilien évoluant toujours au pays le plus courtisé, avec son coéquipier Gabriel Barbosa, et le jeune attaquant de Palmeiras, Gabriel Jesus. À 25 ans, Lucas Lima a l’avantage d’être beaucoup plus expérimenté, ce qui n’est pas négligeable pour faire le grand saut jusqu’en Europe, où les brésiliens peinent parfois à s’adapter.
Le joueur est sûr de lui, il veut évoluer en Europe. Début mars, il déclarait au micro de Seleção SporTV : « Le mercato d’été sera essentiel pour moi, c’est une motivation supplémentaire. J’ai toujours été clair sur le fait que je voulais jouer pour un grand club en Europe, c’est mon objectif. Je sais que j’ai encore ces quelques mois pour montrer ma valeur et ensuite discuter avec Santos. » Capable d’évoluer comme un véritable numéro 10 ou en tant que milieu relayeur, ce pur gaucher formé à l’Inter de Limeira avant de jouer un an pour l’Internacional puis Sport Recife, avant d’exploser à Santos, est courtisé par une grande partie de l’Europe. Le PSG, le Real Madrid, le FC Barcelone, l’AS Rome, le Milan AC mais surtout le FC Porto, sont intéressés par son profil. Mais l’intérêt du Vieux Continent pour le meneur de jeu brésilien ne date pas d’hier. En 2014, son nom revenait avec insistance du côté de deux clubs de Ligue 1, Lille et Lyon, alors que son prix était estimé à 5 millions d’euros. Les choix des Gones s’est finalement porté vers Sergi Darder. Juninho, qui le décrivait à l’époque comme le « meilleur gaucher du championnat brésilien », avait glissé le nom de son compatriote à Hervé Renard, arrivé à la tête du LOSC, qui n’avait pas donné suite. Six mois plus tard, son prix double, et est estimé à 10 millions d’euros, et le FC Porto est chaud sur le dossier, mais se cassera finalement les dents contre les dirigeants paulistes. Lucas Lima rappelle alors son attachement au FC santos dans les colonnes de Globo, mais déjà, il évoque des envies d’ailleurs : « Je ne partirai que si c’est bien pour Santos, je ne veux pas partir par une porte dérobée. Quand ils auront reçu des propositions, je m’assoirai avec eux (…). Santos n’a aucun intérêt à me vendre mais je veux partir, tout le monde le sait. »
Depuis, Lucas Lima est devenu le véritable métronome de Santos, grâce à sa technique assurée des deux pieds, son sens de la passe et sa vision de jeu redoutables. Le milieu de terrain, au gabarit modeste (1,75m), sait contrôler le tempo du jeu, mais est également capable de se montrer explosif et de casser des lignes non pas par la passe cette fois, mais en une accélération. Lucas Lima s’est également forgé une spécialité : les frappes en dehors de la surface, exercice qu’il affectionne tout particulièrement. Aujourd’hui, la tendance est claire. Lucas Lima devrait rejoindre un grand club européen cet été. Modesto Roma, le président du FC Santos qui veut toujours le garder, a d’ores et déjà affirmé qu’il ne le vendrait pas à un autre club brésilien, le Corinthians peut donc l’oublier. Disposant d’une clause libératoire de 50 millions d’euros pour son joueur, le président pauliste devrait accepter les négociations à partir d’une offre de 30 millions d’euros. À 25 ans, Lucas Lima vit peut être le moment le plus important de sa carrière. Celui où il ne peut plus se cacher. Celui où il peut montrer tout l’étendue de son talent en devenant un cadre de la Seleção pendant la Copa America. Celui-là même qu’il attend depuis longtemps : jouer et gagner en Europe.
