Interview de Matheus Vivian: “Le Brésil manque de professionnalisme”

Comment analysez-vous cette Coupe du Monde pour le Brésil ? C’est vraiment étrange, avant le début de la compétition on avait des doutes sur l’organisation de cette Coupe du Monde au niveau des infrastructures et sur l’état d’esprit des gens alors que dans le même temps on parlait d’une très grosse équipe du Brésil. Finalement, le […]
par
sambafoot_admin
2014-08-13 15:44:00

Comment analysez-vous cette Coupe du Monde pour le Brésil ?

C’est vraiment étrange, avant le début de la compétition on avait des doutes sur l’organisation de cette Coupe du Monde au niveau des infrastructures et sur l’état d’esprit des gens alors que dans le même temps on parlait d’une très grosse équipe du Brésil. Finalement, le Brésil et les gens étaient prêts pour cette Coupe du Monde, tout s’est bien passé mais par contre la Seleção n’a pas été au niveau où on l’espérait. Bon, je ne les ai pas toutes vus mais cette Coupe du Monde à mon sens a été la meilleure en termes d’intensité, de qualités mais le Brésil n’a pas su se mettre au niveau. Les supporters étaient prêts et ont poussé cette Seleção en faisant la fête, répondant présent dans les rues mais sur le terrain, ce n’était pas le cas.

Que faut-il changer?

Aujourd’hui, il faut tirer des enseignements de cette Coupe du Monde, le Brésil est en retard sur plusieurs points, dans le jeu, dans la préparation, en termes aussi de professionnalisme. Le Brésil s’est reposé sur son statut et on l’a vu, cela ne marche plus, le talent les autres sélections l’ont aussi. Il y a un manque criant d’organisation et de structures au Brésil.

Luiz Felipe Scolari a-t-il montré ses limites, notamment quand l’on voit des joueurs du banc donner des instructions aux titulaires ?

C’est toujours plus facile de tirer des conclusions après, si le Brésil avait gagné, on aurait dit que tous les joueurs même ceux sur le banc étaient impliqués et là comme le Brésil a perdu, on dit que c’est un manque d’autorité de l’entraineur. Il n’y a pas de vérité absolue dans toute cette histoire, pour moi le mal est plus profond. Quand on voit l’Allemagne, qui est venue chez nous construire un centre d’entrainement pour se préparer, on ne peut que dire bravo et voir que ce pays est largement en avance sur nous.

Il suffit juste de voir ce qui se passe chez eux avec la moyenne de spectateurs qui assistent aux matchs, quand il y a un an,  la finale de la Ligue des Champions opposaient deux équipes allemandes, quand on voit que la plupart de leurs joueurs évoluent dans les plus grandes équipes à un très haut niveau, que voulez-vous, il n’y a pas de hasard. C’est un des championnats les plus riches avec la plus grande moyenne de buts, tout cela ne s’est pas fait du jour au lendemain, ce sont des années de professionnalismes et malheureusement pour le Brésil on en est très loin. La conséquence de tout cela se voit sur le terrain.

La nomination de Dunga vous a surpris ?

En tant que supporter, je peux dire que l’on est déçu par le choix parce que l’on attendait du nouveau, repartir sur de nouvelles bases. Mais en tant que footballeur et en faisant une analyse plus précise, on peut voir que Dunga lors de la dernière Coupe du Monde avait une équipe beaucoup plus compétitive que celle de 2014 et pourtant nous n’avons pas atteint les demi-finales parce que le Brésil s’est raté, sur, je ne dirais même pas un match mais sur une mi-temps face aux Pays-Bas. Mais dans le jeu, l’état d’esprit, dans l’intensité, elle était plus forte que celle de 2014. Donc Dunga sur son travail, il n’y avait rien à dire même si l’on sait qu’au Brésil dès qu’il y a une défaite en Coupe du Monde cela reste gravée.

Avec qui faut-il construire l’attaque en plus de Neymar ?

Quand on a été habitué à des joueurs comme Romario, Bebeto ou encore Ronaldo, c’est dur d’accepter que le Brésil n’a pas d’avant-centre de très haut niveau. Scolari a toujours insisté avec un schéma de jeu qu’il a appliqué partout où il est passé. Je suis un supporter du Grêmio et lorsqu’il avait remporté la Libertadores, il jouait déjà dans ce système avec un buteur nommé Jardel, qui plantait but sur but. Il a toujours évolué avec une pointe et là c’était Fred. Aujourd’hui, il faut peut-être que le Brésil s’adapte à cela sans véritables attaquants de pointe, on le voit avec le FC Barcelone ou d’autres équipes. Je pense aussi que désormais, on ne peut plus mettre un seul joueur devant en lui demandant de ne pas bouger et de se contenter à mettre les ballons au fond. On le voit avec les grands attaquants maintenant, ils participent énormément au jeu, on ne peut plus se contenter de jouer à 10 avec un seul joueur devant, la tâche d’un buteur a changé, de nos jours.

Neymar peut-il occuper ce poste, de buteur ?

Neymar a déjà joué en numéro 9 par le passé comme Hulk lorsqu’il était au FC Porto. La qualité est là, quand on voit l’intelligence tactique  de joueurs comme Oscar et Willian, on peut être confiant mais il faut trouver le bon schéma et le bon état d’esprit pour ses joueurs-là.  Et surtout s’adapter au football moderne.

Comment expliquer cette gifle face à l’Allemagne ?

Le Brésil n’a jamais convaincu durant toute la coupe du Monde même si bien sûr sept buts c’est beaucoup trop. Mais il n’y a pratiquement pas eu de révoltes chez les gens car limite, on s’y attendait, c’est triste mais ce n’était pas une surprise. On a vu des joueurs crouler sous la pression populaire même si la plupart ont l’habitude de cette pression en clubs toutes les semaines. On les a vu presque comme des gamins, ils voulaient tous bien faire mais individuellement et pas collectivement. Il a manqué de force collective dans cette équipe, ils ont tenté de façon trop désorganisée.

Suivant