Coupe du Monde 1970: Le triomphe du Brésil et de Pelé (3ème partie)

La Seleção face à ses vieux démons Cette demi-finale entre les deux géants de l’Amérique du Sud était un match particulier pour les deux formations, le Brésil n’ayant pas encore  oublié l’humiliation de 1950 au Maracaña lors de la finale du mondial et l’Uruguay en quête de renouveler cet exploit et ainsi de valider son […]
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sambafoot_admin
2014-05-29 12:09:00

La Seleção face à ses vieux démons

Cette demi-finale entre les deux géants de l’Amérique du Sud était un match particulier pour les deux formations, le Brésil n’ayant pas encore  oublié l’humiliation de 1950 au Maracaña lors de la finale du mondial et l’Uruguay en quête de renouveler cet exploit et ainsi de valider son billet pour la finale et nourrir l’espoir de remporter pour la troisième fois le titre. Les Uruguayens qui se sont préparés psychologiquement pour ce match, tâche confiée à Juan Lopez, celui là même qui avait amené la Céleste à remporter le titre en 1950. Car le jeu dur proposé par l’Uruguay ne faisait pas l’unanimité aux yeux des spectateurs et spécialistes.

L’Uruguay qui pour arriver à ce stade de la compétition avait terminé à la seconde place derrière l’Italie dans la phase de poule, puis en quart après prolongation s’était imposé 1 à 0 face à l’URSS. Le Brésil favori auront dû tout de même batailler pour l’emporter face aux multiples agressions, simulations dont s’étaient rendus coupables les joueurs de Juan Hohberg, et la certaine complaisance de l’arbitre espagnol de la rencontre, M. Ortiz de Mendibil qui était en quelle que sorte le douzième “Uruguayen“. Le Brésil mal à l’aise face à une équipe qui joue d’une manière brutale et physique. Et cet état de fait allait conduire à l’ouverture du score de l’Uruguay à la 18’ minute par l’intermédiaire de Luis Cubilla, joueur du Nacional Montevideo, suite à un mauvais dégagement de Brito, Julio Morales récupère la balle, la transmet sur sa droite à Luis Cubilla qui contrôle du genou le ballon et ajuste tranquillement Félix.

Un but qui a quelque peu assommé les Brésiliens à qui il faudra attendre une bonne demi-heure pour qu’ils égalisent par l’intermédiaire de Clodoaldo juste avant la pause, sur un centre de Tostão, le joueur de Santos reprenait la balle qui allait se loger dans le coin droit de Mazurkiewicz, sans doute le meilleur gardien à l’époque d’Amérique du Sud. Un but qui relança le Brésil et le match et les deux exploits de Pelé qui aujourd’hui sont gravés à jamais dans l’histoire non seulement de la Coupe du Monde, mais du football tout court.

La seconde période reprit et au premier quart d’heure, le Brésil aurait dû bénéficier d’un pénalty suite à une faute d’Anchieta sur Pelé, mais l’arbitre ne sifflait pas ce qui paraissait tout de même évident,  et n’accordait qu’un coup franc, il fallut attendre la 76’ minute pour assister au second but des Brésiliens, but inscrit par l’inévitable Jairzinho, suite à un super une-deux avec Tostão, le futur Marseillais prenait de vitesse sur Roberto Matosas et plaçait un tir à ras de terre que ne pouvait atteindre le gardien Uruguayen. Un second but qui pour autant n’avait pas atteint le moral de la Céleste qui enfin montrait autre chose et il fallut un arrêt de Félix sur une tête de Luis Cubilla pour empêcher l’égalisation. Et finalement le Brésil allait inscrire un troisième but, Pelé offrit la balle du troisième but à Roberto Rivellino, lequel dans son style caractéristique, déclenchait une frappe puissante qui trouvait le cadre, s’en était fini des chances uruguayennes et le Brésil validait son billet pour la finale, sa quatrième depuis 1950.

Le Brésil qui aurait ne serait-ce que pour la beauté du geste l’emporter avec un but supplémentaire, lorsque Pelé en seconde période se retrouve en tête à tête avec Ladislaw Mazurkiewicz, bien lancé il laisse passer le ballon et effectue un grand pont sur le portier adverse, mais malheureusement sa reprise frôle le montant gauche et sort des limites du terrain, ce fût le second coup de génie du Roi Pelé au cours de son ultime mondial après sa tentative de lobe face à Viktor le gardien Tchécoslovaque. Mais le Brésil obtenait son précieux sésame pour la grande finale face à un autre géant du football international et également double champion du Monde en 1934 et 1938, la Squadra Azzurra.

Le sacre du Brésil et de Pelé

Pour cette grande finale pas moins de 108000 spectateurs arrivés plus de deux heures avant le coup d’envoi avaient pris place dans les travées du Stade Azteca de Mexico, un public acquit au Brésil. Une enceinte où était disséminée aux quatre coins des orchestres de samba qui auront rythmés la rencontre. Cet ultime affrontement entre deux équipes qui se sont déjà affrontés à une seule reprise lors de la demi-finale et l’incroyable erreur d’Adhemar Pimenta qui avait laissé au repos certains de ses cadres pour la demi-finale du mondial 1938, perdue 2 à 1 au Stade Vélodrome de Marseille. L’Italie de Ferrucio Valcareggi qui avait disputée une demi-finale élue plusieurs décennies plus tard comme match du XXème siècle face à l’Allemagne de Franz Beckenbauer et Gerd Müller, à l’issue d’une prolongation qui aura vu les Transalpins s’imposer 3 à 2, une demi-finale qui aura certainement pesée lourd dans les jambes italiennes.

Les Italiens bien en place en défense avec un marquage serré de Bertini sur Pelé, Rosato sur Tostão, le capitaine Facchetti sur Jairzinho et Burgnich face à Rivellino. Un dispositif qui se montrera bon d’autant que l’arbitre Allemand se montrera fort tolérant envers les défenseurs italiens, M. Rüdi Gloeckner. Puis petit à petit en ne cessant de permuter pour désorganiser le dispositif défensif italien, les Brésiliens se créent les premières occasions de la partie, mais sans pour autant venir inquiéter Enrico Albertosi. Puis l’étincelle vint d’une mise en touche de Facchetti face à Tostão, lequel fait lui même la remise en jeu en direction de Rivellino, qui adresse un centre travaillé à destination de Pelé qui réussit l’exploit de prendre le meilleur sur Facchetti et de catapulter la balle dans le but italien, pour l’ouverture du score amplement méritée.

Le tout à la 18’ minute, c’était du délire dans tout le stade et qui d’autre que le Roi Pelé  pouvait ouvrir la voie royale vers le titre. Mais comme bien souvent et encore aujourd’hui, les Brésiliens se laissent souvent griser et commettent des erreurs qui peuvent coûter cher, et c’est ce qui s’est déroulée à la 37’ minute lorsque Clodoaldo ayant voulu talonner pour Brito voyait Bonninsegna surgir et filer vers le but de Félix sortit à sa rencontre, l’attaquant de l’Inter de Milan qui se heurte au portier brésilien et Brito déviait la balle au fond du but vide, pour une égalisation qui glace le Stade Aztec. Et c’est sur ce score de parité que l’arbitre siffle la pause.

Dès le début de la seconde période, les attaquant Brésiliens éprouvent certaines difficultés pour surprendre l’arrière garde Transalpine ce qui redonne l’espoir à la Squadra coupable de beaucoup de fautes qui émaillent cette finale. Il fallut attendre la 66’ minute pour assister au second but du Brésil, un but inscrit par Gerson le milieu du São Paulo, lequel à l’entrée de la surface déclenchait une frappe du pied gauche et trouvait le coin gauche du but d’Albertosi. Un but qui avait littéralement assommé les Italiens qui trois minutes étaient mis K.O  suite à un nouveau coup franc de Gerson, consécutif à une brutalité de Bertini, Pelé détourne de la tête en direction de Jairzinho, à la limite du hors jeu, qui s’en va de près battre Albertosi, pris à contre-pied.

Dès lors il n’y a plus qu’une équipe sur le terrain le Brésil qui fit une éclatante démonstration. Le quatrième et dernier but marqué par la Seleção, à la 87’ minute fût sans doute le symbole de la maitrise Auriverde  et du génie de Pelé. Clodaoldo coupable sur le but égalisateur italien voulait se racheter aux yeux du public et des millions de Brésiliens qui vivaient derrière la télévision ou le poste de radio collé à l’oreille, réussit une série de dribbles sur plusieurs adversaires rendus au stade de plots, il transmet la balle à Jairzinho collé sur la ligne de touche qui sert Pelé, sans se retourner, devine, sait, que Carlos Alberto arrive derrière lui à grandes enjambées. Il lui adresse une passe lumineuse dans sa course et frappe comme un sourd, le ballon termine sa course dans les filets italiens. Le Brésil remporte haut la main ce mondial, son troisième titre et s’empare définitivement du trophée sculpté par le Français Abel Lafleur. Un Brésil insolant de maitrise technique avec à sa tête pour la dernière fois le Roi Pelé qui jouait sa dernière Coupe du Monde, sa quatrième de sa carrière incomparable. Le Brésil tout entier laissait exploser sa joie et le Monde saluait bien bas cette équipe qui aura atteint des sommets qui aujourd’hui n’ont toujours pas été égalés.

Repère

Jairzinho : Seul joueur Brésilien à avoir marqué à chaque rencontre d’un mondial

Rivellino : Le précurseur du geste technique connu sous le nom de “ l’elastico“, inventé par le Japonais Sergio Echigo joueur du Corinthians de São Paulo en 1964à 1965.