Brésil – Uruguay : Les enjeux de cette rencontre

Avec un souvenir douloureux de la déroute à domicile lors du dernier Mondial 2014, Dunga avait décidé de se séparer de certains joueurs, pour amener un nouvel élan de fraîcheur pour la Copa America 2015 qui s’est déroulée au Chili. Problème, la Seleção n’a jamais su jouer en équipe, et s’est reposé sur le seul […]
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sambafoot_admin
2016-03-24 22:23:00

Avec un souvenir douloureux de la déroute à domicile lors du dernier Mondial 2014, Dunga avait décidé de se séparer de certains joueurs, pour amener un nouvel élan de fraîcheur pour la Copa America 2015 qui s’est déroulée au Chili. Problème, la Seleção n’a jamais su jouer en équipe, et s’est reposé sur le seul talent d’un Neymar aux épaules solides. Une fois le génie blessé, la Seleção s’est fait sortir par le Paraguay en quart de finale, dans une séance de tirs aux buts fatale à Thiago Silva, alors capitaine d’un navire sombrant, et qui n’a jamais été rappelé par Dunga. Résultat, la Seleção est toujours en crise, et ne fait plus partie des ogres mondiaux, même si elle se positionne toujours à une honorable 6ème place d’un classement FIFA dont les critères peuvent parfois intriguer. Mais c’est un autre débat.

 

La Seleção est belle et bien en reconstruction, et elle doit se qualifier pour la Coupe du Monde 2018. Demain, le Brésil affrontera l’Uruguay pour le compte de la cinquième journée des éliminatoires du Mondial 2018, avant d’affronter quatre jours plus tard le Paraguay. Voici les enjeux  de ces deux rencontres.

 

 

Une qualification vitale pour la Coupe du Monde 2018

 

La Seleção est rarement descendue aussi bas, et semble s’accoutumer sans trop de choix de sa génération de joueurs, peut-être moins talentueuse que la précédente composée de Ronaldo, Ronaldinho, Roberto Carlos et autres. Peut-être même que cette génération est la moins prometteuse qu’ait connue le Brésil depuis longtemps. Mais, franchement, il y a de quoi faire, on ne peut pas se cacher derrière cette excuse. D’ailleurs, la sélection brésilienne semble s’accommoder de ce nouveau statut, celui d’une équipe qui n’est plus favorite dans les compétitions auxquelles elle participe (si ce n’est les J-O de la Seleção U-23).  Cela peut être un poids en moins qui permettra de libérer certains joueurs, qui restent au fond, très talentueux.

Pour le moment, l’ensemble reste fragile, mais la Seleção a plutôt bien abordé ses quatre premiers matchs de qualification pour le Mondial 2018. Mais il reste 14 matchs, et évidemment, tout peut se produire d’ici 2017, le meilleur comme le pire.

Après une première défaite 2-0 au Chili, le tout récent vainqueur de la Copa America, la Seleção s’est bien reprise. Une victoire 3-1 cinq jours plus tard face au Venezuela, un match nul très encourageant face à l’armada offensive impressionnante de l’Argentine, finaliste de la Copa America, et enfin une victoire nette et sans bavure face au Pérou (3-0).

Après quatre journées, le Brésil est actuellement 3ème sur les 10 équipes du CONMEBOL engagées pour les qualifications au mondial 2018, avec 7 points. Le Paraguay et le Chili comptent le même nombre de point que le Brésil, mais sont derrière à la différence de but. L’Argentine est 6ème avec 5 points, la Colombie 7ème avec 4 points, la Bolivie et le Pérou sont derrière avec 3 points, et le Venezuela est bon dernier avec aucun point enregistré. Devant le Brésil, on trouve l’Uruguay, deuxième avec 9 points, et l’Équateur qui compte un parcours sans faute avec 12 points en quatre journées. Un classement très serré donc, en sachant que seules les quatre premières équipes sont qualifiées directement pour la Coupe du Monde, et que le 5ème doit passer par un barrage face à une équipe du groupe Océanie. Surtout, ces dernières années, le niveau entre les équipes d’Amérique du Sud se resserre énormément, et on assiste plus du tout à une hégémonie du tandem Brésil – Argentine.

 

Les enjeux des matchs face à l’Uruguay et le Paraguay sont donc simples : Essayer de creuser au maximum l’écart avec les équipes en retard sur le Brésil, et prendre autant d’avance que possible sur la concurrence. L’Uruguay, le Brésil, et le Paraguay se tiennent en deux points en haut du classement de ce groupe Amérique du Sud, et avec deux bons résultats, la Seleção pourrait au moins conforter sa troisième place, ce qui est dans un premier temps très important dans un classement aussi serré, et alors que les équipes derrière continuent de pousser. De plus, la Seleção, qui n’a perdu qu’une fois lors de ses 6 derniers matchs, reprend peu à peu confiance en elle, et ces deux rencontres seront donc importantes pour poursuivre dans une dynamique positive, mais qui reste périssable.

Quelle équipe pour la Seleção face à l’Uruguay ?


On l’aura compris donc, la Seleção ne fait plus vraiment peur, mais elle commence à reprendre confiance en elle, les bons résultats aidant à dessiner quelques certitudes sur lesquelles s’appuyer. Seulement, l’équipe de Dunga reste en chantier, et c’est le champion du monde 1994 qui se doit de bâtir une véritable équipe stable, avec une colonne vertébrale solide. C’est également l’un des enjeux des deux prochaines rencontres du Brésil face à l’Uruguay et au Paraguay.

Les certitudes de Dunga


La première certitude sur l’équipe du Brésil sonne comme une évidence : Il a 24 ans, compte déjà 69 sélections d’une Seleção dont il est l’icône et le capitaine, et y a inscrit 46 buts et délivré 27 passes décisives. On parle bien sûr de Neymar, le nouveau Pelé du Brésil, dont le nom est écrit à l’encre indélébile sur les feuilles de match de Dunga. Que le Brésil soit bon ou mauvais, Neymar, lui, est toujours incroyable, et cache à lui seul tous les maux de la Seleção. Sans lui, le Brésil serait tombé à un niveau si faible qu’on n’ose pas l’imaginer. Dunga s’attache justement à construire une équipe autour de son génie.

Dans un 4-3-3 modulable en 4-5-1, Dunga semble avoir trouvé les deux compères idéaux pour épauler Neymar. Le premier, Willian, est le milieu de terrain le plus utilisé par Dunga depuis son arrivée à la tête de la Seleção. L’ailier de Chelsea est le meilleur joueur des Blues depuis le début de la saison, et semble avoir passé un cap, en devenant plus décisif et en prenant le jeu à son compte. Un gain de maturité technique et mental qu’a su déceler Dunga, qui en fait désormais l’un de ses hommes de base. Le second, Douglas Costa, apporte un élan de fraicheur, une envie, et une insouciance qui font plaisir à voir. Que ce soit avec le Bayern Munich ou avec la Seleção, l’ancien joueur du Shakhtar Donetsk dribble, provoque, délivre de belles passes, avec toujours une vivacité déconcertante. Surtout, après avoir gagné la confiance de Pep Guardiola, Douglas Costa semble s’être également mis le sélectionneur national dans la poche.

Outre le trio d’attaque Neymar, Willian, Douglas Costa, Dunga a également trouvé sa charnière centrale. Exit Thiago Silva, l’ancien capitaine déchu de la Seleção, qui pourtant réalise une saison irréprochable. Son coéquipier du PSG, David Luiz, est lui bien présent, et Dunga en a fait un cadre de son arrière-garde, comme il l’était déjà avec Luiz Felipe Scolari. Ce qui change, c’est que le sélectionneur brésilien l’associe désormais à Miranda, qui est devenu l’un des hommes de base de Dunga. L’ancien défenseur de l’Atletico Madrid réalise une saison exceptionnelle avec l’Inter de Milan, longtemps leader de la Série A lors de la première partie de saison. Miranda est actuellement le défenseur le plus courtisé en Europe, où Chelsea, Manchester United, le Real Madrid et le Bayern Munich lui font les yeux doux. Si beaucoup d’observateurs militent pour un retour de Thiago Silva en sélection, Miranda, lui, réalise des performances de hautes volées avec la sélection brésilienne, ce qui conforte Dunga dans ses choix.

Les hiérarchies des latéraux est également assez claires dans l’esprit de Dunga. Après son absence lors de la Copa America 2015, Daniel Alvès est de retour dans le groupe du Brésil, et ses performances au Barça incitent son sélectionneur à en faire son titulaire, avec Danilo qui n’est pas loin derrière.

En ce qui concerne l’aile gauche, il y a trois joueurs pour deux places : Marcelo, Filipe Luis, et Alex Sandro. Dernièrement, une polémique est née avec la non sélection de Marcelo. Dunga a joué la carte de la prudence, lui qui sort tout juste de blessure, alors qu’il a été jugé apte à être sélectionné par son propre club. Le joueur a lui-même évoqué son incompréhension, alors qu’il a régulièrement été appelé depuis la prise de fonction de Dunga. Marcelo pourrait être rappelé dans les prochaines listes de Dunga. À moins que Filipe Luis, revenu à son meilleur niveau depuis son retour à l’Atletico, et l’émergence d’Alex Sandro à la Juve, n’ait redistribué les cartes… Et ait crée une nouvelle incertitude dans l’esprit de Dunga.

 

Les questions toujours en suspens

 

Si le poste de latéral gauche pourrait devenir un nouveau problème pour Dunga, le sélectionneur brésilien n’a toujours pas trouvé de titulaires indiscutables à d’autres postes clés de son équipe, et ce depuis qu’il a pris les rênes de la Seleção.

Le milieu de terrain reste l’un des plus grands chantiers de Dunga depuis sa prise de fonction. S’il semble avoir trouvé ses ailiers avec Willian et Douglas Costa, aucun joueur ne peut être vu comme un titulaire indiscutable dans l’entrejeu, pour épauler la sentinelle Luiz Gustavo, tant le turnover effectué est récurrent.

Il y en a pourtant qui se démarquent, à l’image du milieu de terrain du Corinthians Elias, ou celui de Manchester City, Fernandinho. Ramires, parti en Chine, semble lui complètement éliminé de la course. Oscar et Coutinho sont plus destinés à remplacer Wilian et Douglas Costa sur les ailes. Alors, quel milieu de terrain pour la Seleção ? Luiz Gustavo semble indéboulonnable dans l’esprit de Dunga en sentinelle, et est peut-être le joueur le plus régulier depuis deux ou trois ans avec la sélection, avec Neymar et Willian. C’est donc autour de lui que devrait s’articuler l’entrejeu brésilien.

Elias n’est pas le joueur le plus expérimenté en Seleção malgré son âge avancé (30 ans, 31 sélections depuis 2010), mais il est le milieu de terrain relayeur le plus utilisé par Dunga aux côté de Luiz Gustavo. Sa saison exceptionnelle avec le Corinthians l’année passée semble avoir joué en sa faveur. Auparavant joueur box to box, Elias a modifié son style de jeu en prenant de l’âge, et joue désormais avec sa science du placement, et sa relance simple et rassurante.

Le problème, c’est que cette fois-ci, Dunga ne pourra pas compter sur le milieu de terrain du Timão, sur le retour après une blessure qui l’a éloigné des terrains pendant un mois.

Le second joueur le plus utilisé par Dunga pour épauler Luiz Gustavo est le milieu de terrain de Manchester City, Fernandinho, mais il a disputé seulement 7 de ses 15 dernières apparitions avec la Seleção en tant que titulaire. Sa combativité et son sens de la récupération sont souvent utiles à l’équipe, mais de là à en faire un titulaire ? Pas sûr.

Puisqu’il il y a un troisième joueur qui est venu se greffer dans l’esprit de Dunga : Il s’agit de Renato Augusto, l’ancien joueur du Bayer Leverkusen et champion du Brasileirão 2015 avec Elias et le Corinthians. Depuis, le milieu de terrain de 28 ans a préféré partir en Chine, au Beijing Guoan. Mais malgré cela et ses sept petites sélections avec la Seleção, Renato Augusto est apprécié de Dunga. Sa performance exceptionnelle lors de la dernière rencontre du Brésil face au Pérou (3-0), a immiscé encore un peu plus le doute dans l’esprit de Dunga.

Au milieu de terrain donc, deux places semblent encore se jouer entre trois joueurs, au profil différent : Elias, Fernandinho, et Renato Augusto. Dans les cages, après que Dunga ait accordé sa confiance à Jefferson, deux portiers peuvent encore prétendre à une place de titulaire. Il s’agit du jeune gardien de l’Internacional, Alisson, et le gardien du FC Valence, Diego Alves.

Alisson part favori, puisqu’il a disputé les quarts dernières rencontres de la Seleção, et a été convainquant. Sa grande taille (1,93) et son envergure lui permette de boucher les angles facilement, et d’être un obstacle sur une grande surface de sa cage pour les attaquants adverses. Surtout, Alisson impressionne sur sa ligne, où ses réflexes ont souvent sorti l’International de situations difficiles. Sa maturité pour son jeune âge, et sa marge de progression énorme son également des atouts non négligeables dans l’esprit de Dunga.

Mais Diego Alvès pourrait encore avoir sa chance. Après avoir été écarté huit mois suite à une grave blessure au genou, le gardien du FC Valence a été appelé par Dunga, un an après sa dernière sélection. Et ce n’est pas rien puisqu’au moment de sa blessure et avant l’émergence du jeune Alisson, Diego Alves prenait de l’avance dans la hiérarchie des gardiens de la Seleção, et semblait s’imposer naturellement. Son expérience européenne et son aisance technique balle au pied en font toujours une alternative crédible à Alisson.

Les deux rencontres face à l’Uruguay et face au Paraguay revêt donc plusieurs enjeux pour la Seleção : Continuer à retrouver la confiance en enchaînant les bons résultats, se qualifier pour le mondial 2018, et aligner enfin un onze titulaire stable capable de se construire des automatismes autour d’un plan de jeu bien défini, tout en continuant à faire jouer une concurrence saine.

En attendant, voici le onze de départ probable aligné par Dunga face à l’Uruguay vendredi soir : Alisson, Daniel Alves, Miranda, David Luiz, Filipe Luís; Luiz Gustavo, Fernandinho, Renato Augusto; Willian, Douglas Costa, Neymar.

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