Avant Brésil – Colombie: tout les oppose

Tout semble opposer Brésil et Colombie sur cette Coupe du monde. D’un côté, une Seleçao qui n’a toujours pas mis la main sur son jeu après quatre matchs, de l’autre des Cateferos qui déroulent avec une calme assurance un football enchanteur. Les deux ont pris le jaune pour se vêtir, mais le soleil qui brille […]
par
sambafoot_admin
2014-07-04 13:55:00

Tout semble opposer Brésil et Colombie sur cette Coupe du monde. D’un côté, une Seleçao qui n’a toujours pas mis la main sur son jeu après quatre matchs, de l’autre des Cateferos qui déroulent avec une calme assurance un football enchanteur.

Les deux ont pris le jaune pour se vêtir, mais le soleil qui brille le plus n’est pas celui qu’on attendait. La bande à Neymar n’offre rien de beau, celle de Rodriguez enchante. Le Brésil s’apprête sans doute à affronter ce qui se présente de mieux sur ce tournoi.

Le 4-4-2 présenté par l’Argentin José Pekerman (le coach de tous les titres avec les -20 ans argentins, dont trois fois la coupe du monde) est complet dans toutes les lignes, propre, remarquablement en place. On en oublierait presque que le meilleur de la bande, Falcao, n’est pas là. Jusqu’ici, il ne manque pas.

On n’ose imaginer le rendement des Auriverde si Neymar n’y était pas, lui qui, en quatre buts, en a apporté la moitié pour les siens. Cette Colombie, on la savait forte, très forte, mais on ne l’imaginait pas à si belle fête alors qu’elle part favorite pour filer en demies.

Car oui, la Colombie est favorite face au Brésil. Cela paraît peu croyable, aurait semblé injuste avant que démarre ce Mondial, mais entièrement justifié désormais. La meilleure organisation, le meilleur football, le plus d’assurance c’est elle qui le propose, pas ce Brésil-là.

Elle a gagné tous ses matchs, et elle n’a pas eu à bénéficier des largesses de l’arbitrage, comme le Brésil (cartons rouges « oubliés », pénalty offert), comme la France (cartons rouges « oubliés », pénalty adverse « oublié »). Après un premier tour plus facile, dans un groupe qui n’avait pas la valeur de celui des Sud-Américains, les Centre-Américains ont présenté contre l’Uruguay (2-0) une démonstration impressionnante. Une maîtrise qui laisse augurer un potentiel loin d’être atteint.

Ses deux latéraux sont forts, son organisation défensive s’affiche redoutable et en place pour ne pas être débordée et, ainsi, ne pas avoir à faire faute. C’est un modèle, avec de formidables récupérateurs de ballons au milieu. Le gardien tient la route. Et puis il y a le Monégasque James Rodriguez, 22 ans (comme Neymar) et aux talents multiples.

A lui tout seul, il peut faire pencher la balance, comme il l’a montré en 8es avec son doublé du 2-0 face à la Céleste. Fin gaucher, cadrant presque tout (87%), n’ayant nul besoin de multiples tirs avant d’en mettre un au fond (cinq buts, un tous les 2,8 tirs), il est ce qui se fait de mieux dans cette Coupe du monde. Mieux que Messi (46% tirs cadrés, 4 buts, un tous les 4 tirs), mieux que Neymar (4, 82%, 3,8), mieux que Müller (4, 54%, 3,3).

Cette belle mécanique, de haute précision tant elle est efficace, tranche avec le brouillon de football que présente cette Seleçao. Avec un Luiz Felipe Scolari qui, à en croire les derniers entraînements, hésite entre deux organisations. Soit son classique 4-2-3-1, qui n’a pas fait ses preuves ici, soit un 3-5-2 qui aurait le mérite d’être enfin à la hauteur au milieu.

Luiz Gustavo suspendu (après deux jaunes), Paulinho pourrait le remplacer aux côtés de Fernandinho dans la formule de départ, celle qui a marché l’an passé pour écraser l’Espagne (3-0) en finale de la Coupe des confédérations. Ou alors il pourrait y avoir une défense à trois, avec Thiago Silva, David Luiz et Henrique, un milieu à cinq (Ramires, Hernanes, Oscar, Willian plus Marcelo) et une attaque bipolaire avec Fred (ou Hulk) et Neymar.

Des hésitations qui ne reflètent pas franchement une grande sérénité. La Colombie est bien dans cette Coupe du monde, le Brésil ne semble pas y être encore rentrée. Il serait quand même navrant qu’elle en sorte sans même l’avoir réellement commencée.

La Colombie évolue d’ailleurs à la brésilienne, avec une circulation de balle bien combinée et des décalages vifs et déroutants qui filent le tournis aux défenses, alors que le Brésil pratique par contres ou exploits individuels, incapable de marquer sur une attaque placée.

Il lui reste une arme : le contre, avec un Neymar (s’il est remis) en détonateur et perforateur. La Colombie aime faire le jeu, le prendre à son compte, un état d’esprit qui réussit mieux à ces Auriverde, lesquels ont eu le plus grand mal à se défaire du marquage strict et de la défense à tout-va présentés par le Mexique (0-0) puis le Chili (1-1).

Autre point qui oppose les deux sélections : la pression qui pèse sur l’une, celle du pays organisateur, à qui l’on demande rien de moins que gagner à la fin, a fui l’autre. La Colombie a déjà réussi son Mondial, le Brésil est en train de le rater. La première pourra évoluer libéré, tout à son exploit de sortir l’hôte, le second risque la honte éternelle en cas de revers. Les deux ne partiront donc pas à égalité ce vendredi soir, dans la fournaise de Fortaleza.

La Seleçao court le risque d’être sortie de sa Coupe du monde dès les quarts de finale, un stade de la compétition qu’elle a toujours atteint depuis 1994 (six fois d’affilée) mais n’a plus dépassé depuis 2002 (avec le titre au bout).

Depuis le Brésil – Angleterre (2-1) de 2002, il y a eu le Brésil – France (0-1) de 2006 puis le Brésil – Pays-Bas (1-2) de 2010. Ce Brésil – Colombie est un inédit en Coupe du monde et la Seleçao peut se raccrocher sur le bilan flatteur dans les confrontations entre les deux nations : 15 succès, sept nuls, deux revers. La dernière défaite remonte à 1991 (Copa America) mais, depuis 2004, elle n’est plus parvenue à s’imposer (trois matchs, trois fois 0-0).

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