Il est d’une image que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Enfin, seulement dans les vieux albums « Panini » : Un Ronaldo Luis Nazario de Lima svelte… De l’avis de tous, le meilleur buteur de l’histoire de la Coupe du monde (15 buts) a marqué de son empreinte l’époque moderne du football. Sa vitesse, sa technicité et son réalisme l’ont suivi tout au long de sa carrière professionnelle (1993-2011). Les chiffres affichés sur sa balance, eux, n’ont cessé de croître.
17 ans et 30 kilos plus tard…
Inutile de préciser que les médias brésiliens s’en sont donnés à cœur joie pour pointer du doigt le problème de « taille » (c’est le cas de le dire) de Ronaldo. Que ce soit au Real Madrid (2002-2007) ou au Milan AC (2007-2008), « o fenomeno » n’a pu échappé à la polémique liée à son embonpoint. D’un garçon mince de 73 kg, du temps où le « crack » faisait les beaux jours du Cruzeiro (58 buts en 60 matches en 93-94), Ronaldo s’est transformé en un joueur ayant de moins en moins sa place dans ce monde du football professionnel toujours plus exigeant.
Les doutes sur une prétendue « mauvaise hygiène de vie » ont commencé à apparaître lors de son aventure madrilène, commencée en 2002, et l’ont suivis jusqu’à la fin de sa carrière aux Corinthians. La star affichait alors plus de 100 kilos sur la balance à chaque sortie comptant pour le Brasileirão. Les soupçons sur un possible manque de sérieux professionnel ont été balayé d’un coup de pied par l’intéressé le jour de son annonce ultra-médiatisée de sa retraite sportive, le 14 février dernier. Ronaldo, très ému, a surpris les journalistes présents en avouant souffrir d’hypothyroïdie depuis quelques années, déréglant son métabolisme et par conséquent son tour de taille.
« Dès qu’il y a un problème, c’est la cause de l’alcool. Après Lula, c’est moi… »
La maladie de Ronaldo étant dévoilée, la presse brésilienne pourra toujours s’en vouloir d’avoir tant moqué le buteur le plus redouté de la première moitié de la dernière décennie. Le pic de railleries a d’ailleurs été atteint en 2006, après l’échec de la Seleção en Coupe du monde face à l’équipe de France de Zinedine Zidane, le vrai phénomène ce soir-là (1-0, but de Thierry Henry). Par la suite, « o gordo » a été la cible de la presse carioca, le qualifiant de responsable principal de la déroute brésilienne en Allemagne, alors que la Seleção, qualifiée de « dream-team », était favorite du tournoi.
D’autant qu’avant le Mondial, le sélectionneur de l’époque, Carlos Alberto Parreira, aurait été gentillement conseillé de convoquer « Gronaldo » par le président brésilien en personne, Lula, idolâtré par la majorité des Brésiliens après avoir, lui aussi, essuyé des remarques acerbes sur sa condition physique. Ce que n’avait pas manqué de souligner « o fenomeno » lors d’une énième question d’un journaliste brésilien dans la préparation du mondial allemand. Irrité mais maniant l’ironie avec perfection, Ronaldo lui avait alors répondu que « les médias brésiliens avaient, eux aussi, pointé du doigt à l’époque le soi-disant problème d’alcoolémie de Lula ».
Aujourd’hui, cinq ans après, on sait ce qu’est devenu Lula. A savoir, l’ex-président le plus populaire du Brésil. On espère le même avenir pour le plus gros et le plus grand attaquant de l’histoire moderne de la Seleção. D’ailleurs, depuis sa retraite internationale, la sélection brésilienne n’a toujours pas trouvé son véritable successeur à la pointe de l’attaque. Malheureusement pour les fans de la Seleção, ce n’est pas la prestation de l’ancien Lyonnais Fred samedi, face aux Pays-Bas, qui nous prouvera le contraire…
