Vous avez quitté votre poste d’entraineur des moins de 15 ans du Brésil il y a quelques semaines, voulez-vous reprendre tout de suite une équipe ?
Malheureusement je ne suis plus l’entraineur des moins de 15 ans, c’est la vie et on sait qu’au Brésil, ça va très vite. Aujourd’hui, je suis à Belo Horizonte, ma femme termine de passer ses diplômes mais mon objectif ensuite est de venir en Europe ou aux Etats-Unis pour travailler, c’est sûr et certain nous quitterons le Brésil par la suite.
Vous souhaitez prendre un effectif professionnel ou des équipes de jeunes ?
Je veux commencer avec des équipes de jeunes pour poursuivre mon apprentissage du métier avant de penser à entrainer des professionnels. C’est mon objectif principal et je souhaiterais vraiment le faire en Europe ou aux Etats Unis.
Vous allez suivre le parcours de votre ancien coéquipier Cris, qui est chez les jeunes à Lyon.
C’est exactement la même chose, je l’ai vu il y a quelques mois où nous avons pu échanger sur ce métier, ce travail qui selon moi doit d’abord débuter par les jeunes afin d’apprendre tout simplement et monter progressivement.
Pouvez-vous nous parler de cette équipe des moins de 20 ans Brésiliens, qui est toujours en course dans ce Mondial, pensez-vous qu’elle peut aller au bout ?
Oui, j’étais présent avec eux en Corée du Sud lors d’un tournoi et j’ai pu passer un peu de temps avec ce groupe ici au Brésil. Je pense qu’il y a de très bons joueurs dans cette équipe mais malheureusement le changement d’entraineur, avec le départ d’Alexandre Gallo, qui avait fait un excellent travail depuis deux ans, n’a pas arrangé les choses. Mais ils ont le potentiel pour aller au bout dans cette compétition.
En parlant de jeunes espoirs, que pouvez-vous nous dire sur le milieu de Fluminense, Gerson, courtisé par de nombreux clubs européens ?
Lui je l’aime bien, c’est un jeune joueur qui a cette envie de réussir, il a une grande qualité de frappes, de passes et dispose d’une bonne technique balle aux pieds. Mais il faut se calmer, c’est notre problème au Brésil, dès qu’un jeune joueur commence à montrer son potentiel, on le compare déjà au prochain Pelé, Neymar ou Ronaldo. Il faut aller doucement avec lui, même si pour moi c’est déjà un bon joueur et il peut devenir un très bon mais pour cela il faut lui laisser le temps de grandir et progresser tranquillement.
La sélection Olympique peut remporter les Jeux Olympiques l’année prochaine à Rio ?
Avec Gallo je croyais beaucoup en cette sélection, il tenait bien le groupe en main, il connaissait bien ce groupe depuis deux saisons. Mais avec le changement d’entraineur, il y aura sans doute une autre méthode et un autre système de jeu. Je pense vraiment que cette sélection avait toutes les cartes en main pour réaliser de grandes choses aux Jeux Olympiques maintenant je ne sais pas trop quoi penser même s’il y a de la qualité aussi dans cette sélection.
Quels joueurs de cette équipe devront nous suivre dans cette sélection Olympique ?
On peut aussi parler de Neymar (rires), il est le joueur capable de tout faire dans cette équipe mais il y a de très bons jeunes qui sont dans cette sélection avec Alisson qui évolue à Cruzeiro ou encore le milieu de São Paulo, Rodrigo Caio, qui est très très bon et sans oublier Gerson, qui a tout pour y être.
On a beaucoup parlé de Gabriel, l’attaquant de Santos comme futur grand attaquant du Brésil, est-ce qu’on n’en a pas trop fait avec lui ?
Il a du potentiel mais il est encore très loin du niveau d’un Neymar, il a su montrer des choses intéressantes mais je vais juste dire, aujourd’hui, que c’est un bon joueur.
Et un petit mot sur Malcom, le joueur du Corinthians.
Il peut s’imposer au Corinthians mais comme je l’ai dit, il faut lui donner du temps, il est encore très jeune, il a à peine 18 ans, c’est encore un gamin. Là aussi il faut se calmer, cela ne veut rien dire quand un jeune entre en jeu et marque, il faut le voir sur la durée, son comportement en matchs, à l’entrainement. Je pense qu’il va réussir mais seul le temps nous le dira néanmoins il a du talent.
Qu’est-ce qu’a apporté Dunga à cette Seleção, selon vous ?
Dunga a apporté de l’expérience, il est venu avec un discours différent en prenant en compte ce qui s’était passé à la Coupe du Monde. Il a trouvé certains joueurs avec la tête basse mais a su donner confiance à ce groupe et on peut le voir avec les résultats qu’il a obtenu. Il a fait du très bon travail.
Le style de jeu du Brésil a aussi changé depuis un certain temps, plus défensif mais aussi plus efficace devant, c’est aussi ce que vous pensez ?
Avant on ne pensait qu’à attaquer car on avait des Ronaldo, des Ronaldinho, des Pelé mais même si aujourd’hui nous avons encore des bons joueurs comme Neymar, il faut aussi penser à bien défendre et à l’époque le Brésil était à un niveau un peu plus élevé que ses adversaires mais aujourd’hui le niveau général s’est resserré. Tous les matchs sont difficiles, si tu n’es pas à 100% tu ne peux pas remporter de matchs et je crois qu’inconsciemment le Brésil a commencé à penser de la sorte. Les autres équipes ont su élever leurs niveaux de jeu et le Brésil a stagné. Un exemple, il y a quelques années, tu disais, Brésil-Chili ou Brésil-Uruguay, tu pouvais penser à une victoire facile du Brésil mais aujourd’hui ce n’est plus le cas. Avant tu te disais, Pelé ou Ronaldo vont faire la différence à un moment ou à un autre, aujourd’hui c’est fini.
Il y a une rigueur défensive supérieure désormais ?
Regarde le match face au Mexique, le Brésil sans le ballon, tous les joueurs étaient dans leur moitié de terrain, avant ce n’était pas le cas, tu avais Ronaldo ou Rivaldo qui restaient devant. Là tous les joueurs bossent pour l’équipe, les onze se doivent d’être au marquage. C’est la rigueur qu’a pu apporter Dunga, sans la rigueur aujourd’hui, le Brésil n’ira pas loin.
Cette Seleção peut remporter la Coa América ?
Elle a tout ce qu’il faut pour être champion. Mais le football actuel a moins de certitude aussi, le Brésil peut battre n’importe qui mais il peut perdre contre n’importe qui aussi. S’ils sont attentifs, solides, solidaires comme c’est le cas en ce moment, ils pourront gagner cette Copa América.
Dunga ne laissera rien passer ?
Avec lui, personne n’aura de passe-droit ou autre, ils devront tous travailler pour le bien du collectif, on peut lui faire confiance pour cela.
Le football Brésilien connait toujours des grandes difficultés financières, des scandales à la tête de la Fédération, des entraineurs virés au bout de quelques matchs. Qu’est-ce qu’il faut pour changer cette situation ?
Il faut changer la mentalité, l’organisation des clubs, il faut tout changer. Pour être un club de bon niveau, il faut une organisation claire et solide, sur et en dehors du terrain. Il faut déjà se dire que nous ne sommes plus les stars du football, c’est terminé cette époque, nous sommes rentrés dans le rang, nous sommes comme les autres. Si on ne change pas notre mentalité et notre organisation, on restera au même endroit. Pour cela, il faut des gens compétents aux postes clés pour réaliser un travail sérieux.
Le mouvement Bom Senso peut aider dans cette mission ?
Ils ont des bonnes idées, il faut petit à petit appliquer ces idées afin de faire évoluer la situation du football au Brésil. Le plus important, pour moi, dans le football ce sont les jeunes, il faut commencer par eux car ce seront nos futurs joueurs. Il faut les encadrer de la meilleure façon possible, mieux les former et je pense que Bom Senso travaille pour cela aussi, en demandant une meilleure gestion et une meilleure organisation au niveau des clubs et de la CBF. Il faut mettre les choses à plat. Si on parvient à appliquer les premières propositions, le football Brésilien commencera à changer.
A commencer par les salaires des joueurs en retard.
La première chose à changer est le retard quasi-général des salaires dans les clubs, ce sont des joueurs professionnels, des travailleurs et on ne les paye pas à temps, c’est n’importe quoi.
Un dernier mot, l’Internacional peut gagner cette Copa Libertadores selon vous ?
Je vais être sincère, je ne pensais pas voir cette équipe aller au bout avant le match retour entre l’Internacional et l’Atlético-MG. Je trouvais cette équipe normale jusqu’à là mais durant cette rencontre j’ai vu une équipe se battre les uns pour les autres, faire les efforts, ils avaient la rage, l’envie de gagner ce match. Et je vais supporter aussi cette équipe pour mon ami Nilmar.
