Un France-Brésil n’est jamais anodin

Chouette, un France-Brésil ! Ce duel-là, il ne laisse jamais indifférent, pas possible. A se demander, même, s’il peut réellement y avoir un amical dans cette opposition. Non qu’on se déteste d’un côté ou de l’autre du terrain. Il y a même des amitiés entre certains, qui se côtoient dans leur quotidien en club. Comme […]
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sambafoot_admin
2015-03-26 23:00:00

Chouette, un France-Brésil ! Ce duel-là, il ne laisse jamais indifférent, pas possible. A se demander, même, s’il peut réellement y avoir un amical dans cette opposition. Non qu’on se déteste d’un côté ou de l’autre du terrain. Il y a même des amitiés entre certains, qui se côtoient dans leur quotidien en club. Comme entre Benzema et Marcelo (Real Madrid), entre Griezman et Miranda (Atlético Madrid), entre Thiago Silva et Matuidi (Paris-SG).

Par contre, dès que Bleus et Auriverde se retrouvent, en face à face, il y a tant d’antécédents, de moments qui ont marqué l’histoire de ce sport, qu’il n’est pas pensable d’en faire d’anodines retrouvailles. Surtout, semble-t-il, depuis qu’un 12 juillet 1998, la Seleçao s’est fait humilier en finale de Coupe du monde. Et que la France s’est plu de croire qu’elle venait d’inventer le football, le vrai.
Avant cela, à part l’accident de 1978 (but de Platini) au Parc des Princes, la hiérarchie semblait claire : le Brésil est au-dessus. Surtout depuis que Pelé avait imposé sa patte, en 1958 (5-2 en demi-finale de Coupe du monde) puis 1963 (un réel amical au Stade de Colombes, 3-2). Par contre, depuis 1998, donc, rien de tel n’apparaît possible.

Le Brésil, tenant du titre, avec des joueurs confirmés, jusqu’alors accrédités comme les meilleurs au monde (Ronaldo, Roberto Carlos, Rivaldo) qui se prend une leçon tactique, cela fait tout bizarre. Surtout avec ce 3-0 qui provoque le si fameux « et un, et deux, et trois zéro ». Entre les deux nations, la suprématie s’inverse : la France est sur le toit du monde, confirme à l’Euro-2000, compte dans ses rangs le meilleur technicien de la planète, avec Zidane.
Les vis-à-vis suivants, d’ailleurs, confirment la tendance. La France est passée au-dessus, semble s’être trouvée un style de jeu, une équipe, une dynamique, une aura de grand du football. Pendant ce temps, le Brésil patauge, se cherche, piétine, en perd son football. Avec des joueurs qui ne marqueront pas l’histoire mais s’inviteront contre attente et parfois toute logique.

En 2001, la Coupe des confédérations ne fit pas autre chose avec le 2-1 de la France, face à un Brésil tout heureux de ne pas s’être pris un score plus lourd. Le titre de 2002, pour la cinquième étoile, ne change pas grand-chose à la donne. La France est définitivement devenue la bête noire de la Seleçao. C’est encore tout frais, mais ça mûrit à chaque confrontation.
Pour preuve le 0-0 au Stade de France en 2004, pour le Centenaire de la Fifa. Là encore, c’est la France qui mène le bal. Les dieux du football ont changé de bord, ils sont Français, plus Brésiliens. Le complexe que pouvait nourrir la France de 1977 quand elle a découvert le Maracana (2-2) n’a plus lieu d’être. Désormais, c’est le Brésil qui se sent petit face à la France.
Même quand elle est mieux placée au classement Fifa, même quand elle compte des joueurs mieux outillés question ballon. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la Seleçao n’a encore jamais marqué au Stade de France, entre le 3-0 de 1998, le 0-0 de 2004 puis le 1-0 de 2011 (but signé Benzema, qui aurait très bien pu en mettre plein d’autres).

Le dernier France-Brésil, c’est celui-là. Et cela s’était terminé à 11 contre 10 en faveur des Bleus, après l’expulsion dès la première mi-temps de Hernanes. Un rouge, pour un geste dangereux, cela ne ressemble guère à l’esprit d’une rencontre amicale. Et si c’est arrivé à un France-Brésil, ce n’est sans doute pas un hasard. Tant il peut être dit de choses après une victoire de l’un, ou de l’autre.
Que n’a-t-on pas entendu après ce dernier succès en Région Parisienne. Comme quoi la France s’était trouvé un style, un groupe, une star (Benzema). Pareils propos seront lus deux ans plus tard après le 3-0 de Brésil-France. Cette fois, c’est la Seleçao qui se réveillait, avec le retour de Scolari à la tête de l’équipe. C’est d’ailleurs le début d’une formidable série pour les Auriverde, laquelle les conduira jusqu’au titre en Coupe des confédérations quelques semaines plus tard.
A l’inverse, la France semblait soudain plongée dans ses vieux tourments, avec une accumulation de revers, avec des joueurs qui s’entredéchirent, des clans qui se forment, se reforment ou se déforment… Comme si, encore une fois, un France-Brésil pouvait déclencher les commentaires les plus définitifs, les conclusions les plus hâtives aussi.

Alors non, définitivement, un France-Brésil n’est pas un simple rendez-vous sur le calendrier déjà bien chargé de deux formations très demandées. Que le Brésil gagne ce soir et Dunga, redevenu sélectionneur, aura pris sa revanche sur ce Stade de France qui lui est maudit, lui qui y a terminé sa carrière de joueur, au soir du 12 juillet 1998, alors qu’il portait le brassard.
Que la France s’impose et elle restera celle qui fait tourner chèvre la Seleçao, lui ferait mettre un terme à six victoires en six matchs depuis la fin du Mondial-2014 (avec un seul but encaissé). Les Bleus confirmeraient ainsi leur invincibilité en match amical depuis le 3-0 à Porto Alegre, en 2013.

Le Brésil est maudit au Stade de France, il y a perdu une finale, celle de 1998, il a failli y perdre un joueur, avec Ronaldo qui n’aurait sans doute jamais dû disputer ce match terminal. La dernière fois, en 2011, il y a laissé un peu de sa réputation, avec la violence d’un Hernanes et l’incapacité de prétendus magiciens à créer un réel danger, à faire danser une équipe de France alors en pleine reconstruction.
D’ailleurs, des Jadson, Andre, Pato dont on vantait ce soir-là le talent, aucun n’a survécu. C’est cela, aussi, un France-Brésil, duel dont certains ne sortent pas indemnes, peuvent perdre à jamais leur avenir en sélection nationale. Alors, chouette, un France-Brésil, mais pas forcément pour tout le monde…

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Mars 26, 2015