Le Brésil Post apocalyptique, premier bilan d’une esquisse de Seleção

A la suite de l’apocalypse il n’y avait plus rien, le néant, le trou noir. Ce ne sont pas des paroles bibliques mais bien l’état de la seleção à l’issu d’un parcours jusqu’en demi finale de sa coupe du monde entaché par la plus grosse défaite de son histoire. Le trauma est tel qu’il pourrait […]
par
sambafoot_admin
2014-11-21 20:14:00

A la suite de l’apocalypse il n’y avait plus rien, le néant, le trou noir. Ce ne sont pas des paroles bibliques mais bien l’état de la seleção à l’issu d’un parcours jusqu’en demi finale de sa coupe du monde entaché par la plus grosse défaite de son histoire. Le trauma est tel qu’il pourrait faire passer la défaite contre l’Uruguay en finale, comme un simple fait divers de société.

Simplement, dès août 2014, à l’heure ou l’on cherchait encore les coupables, analysait les causes parmi les maux du foot brésilien, il a bien fallu construire une nouvelle équipe.
Dunga, ancien sélectionneur entre 2006 et 2010, souvent décrié, mais aussi loué par son sens du travail et de la patrie a été désigné à cet effet, avec pour objectif de rapidement redonner un peu de confiance à la torcida.

De manière globale et descriptive, Dunga a réussi à atteindre son objectif à court terme en engrangeant 6 victoires assez probantes, si l’on considère la valeur de certains de ces adversaires.
Sur le plan tactique, Dunga, alterne en cours de match le 4-4-2, 4-2-3-1 et le 4-3-3, avec, au choix, un vrai ou un faux 9.
Il se distingue par des entrainements intensifs et une rigueur disciplinaire indéniable, comme en témoigne l’exclusion de Maicon, pourtant un de ses hommes de main en 2010.
Il n’est parti de rien et la seleção actuelle n’est qu’au stade d’ébauche. La polémique entourant les déclarations récentes de Thiago Silva témoigne d’ailleurs que les cartes ont été rebattues sur le choix des joueurs.
Pourtant il n’est pas impossible de dresser un premier point de ce que semble être la seleção et la direction choisie. Aux termes de ce bilan des forces et des failles de cette ébauche peuvent se dégager.

Les points positifs :

1) L’attitude et le travail :

L’attitude est ici à prendre au sens large. Les joueurs brésiliens sont clairement revenus sur terre depuis la coupe du monde et donnent une image travailleuse, modeste et motivée.
Il y a bien eu la polémique Thiago Silva, mais celle-ci a été fort habilement éteinte.
Dunga lui-même a abandonné ses chemises douteuses et s’est davantage ouvert au dialogue avec l’extérieur. Il donne un certain crédit au méa culpa qu’il a formulé au moment de sa nomination à propos de ses attitudes adoptées entre 2006 et 2010. Cela n’empêche pas quelques débordements, comme en témoigne son comportement face au staff argentin.

2) La synergie dans la convocation:

Dunga s’est retrouvé dans une situation délicate, lui recommandant de faire la part des choses au moment de sélectionner le groupe. Quid des « coupables » de 2014 ? Quid des jeunes espoirs ? Comment organiser la sélection avec gallo, qui doit préparer les JO ?
Au final, les choix des joueurs ont plutôt été des succès, puisqu’il a su faire l’équilibre entre les anciens de la coupe, traumatisés, mais toujours talentueux, les joueurs injustement écartés par Scolari et les jeunes pousses à former tant pour les JO, que pour la sélection A.
On notera, enfin, de très bonnes inspirations de Dunga . On peut penser à certains choix du compagnon de Neymar sur le front de l’attaque. Franchissant le pas du faux 9, il a permis à Tardelli ou à Firminho de briller sur ce rôle.
On notera aussi que sur le plan de la qualité défensive, le sectionneur ne semble pas non plus s’être trompé en offrant une chance à Danilo, Filipe Luis et Miranda, notamment.

3) La défense :

C’est une marque de fabrique maison. La solidité, l’imperméabilité sont les premières recettes basiques du sélectionneur. Le seul fait de n’avoir pris qu’un but, suite à un penalty grossier et évitable d’Oscar, en 6 matchs en témoigne.
Sur ce plan il ne s’est pas trompé dans le choix des gardiens, des défenseurs et du système défensif, obligeant Oscar et Wilian à doubler les latéraux.
Jefferson et Diego Alves ont largement brillé, de même que Miranda et David Luis, en dépit de placements parfois douteux de ce dernier, ou Luis Gustavo.
Son seul doute porte sur le poste de second milieu défensif ou la hiérarchie entre Fernandinho, Ramires ou Elias reste à définir.
Collectivement, les espaces sont réduits, les joueurs se placent avec rigueur et même les joueurs offensifs (excepté Neymar), doivent réaliser des matchs courageux sur ce plan là. Cette dévotion peut paraître énergivore, la combativité, la volonté et la rigueur sont les premières orientations du sélectionneur.

4) Le leadership :

Dunga a de suite imposé le principe de la hiérarchie, sa forte personnalité et son amour de la gagne. Sur le terrain, il a effectué un choix fort en évinçant du capitanat le friable Thiago Silva, en faveur de Neymar. Il n’a pas hésité à rappeler des anciens comme Robinho ou kakà, afin d’encadrer des jeunes et, peut être, apporter un appui aux traumatisés de 2014. Enfin, à l’occasion de la polémique Thiago Silva, le sélectionneur a su montrer qui était le patron. On peut ainsi dire qu’il y’a un pilote dans l’avion. Il appartiendra à la selecao de confirmer que l’autorité, la hiérarchie ne nuisent pas à toute créativité sur le terrain et au bien être des joueurs.

5) Des phases de jeu maitrisées :

Nous le verrons, pas tous les voyants ne sont au vert, sur le plan du jeu. Toutefois, on note que la seleção a fort bien négocié certaines phases importantes. Il s’agit, en particulier, de la contre attaque et les coups de pieds arrêtés, constituant tout autant des atouts de la nouvelle seleção. Des matchs comme l’Argentine ou l’Autriche montrent aussi que l’équipe adopte un froid réalisme en marquant pratiquement à chaque occasion ou demi-occasion.

Les fragilités :

1) Un collectif pas nécessairement flamboyant.

Autant la seleção se montre assez clair dans son jeu défensif et sait négocier certaines situation de jeu, autant le jeu collectif vers l’avant n’est ni vraiment huilé, ni vraiment déterminé. A l’heure actuelle la seleção profite, plus des erreurs adverses, qu’elle ne construit. D’ailleurs, elle abandonne volontiers la possession du ballon, pour mieux contrer.
Il faut dire que l’attitude souvent prudente des latéraux, fait perdre des solutions offensives. Sans même évoquer le joga bonito, la selecao ne semble pas toujours maitriser son sujet sur ce plan.
Cette insuffisance du collectif offensif nous rappelle que le Brésil est en reconstruction et que cela n’est, ainsi, pas illogique.
Cependant, il souligne aussi que la seleção, manque peut être d’un architecte au milieu. Rappelons que posséder ce profil du n°10 reculé est souvent reconnu comme un gage de réussite. C’est en tout cas ce que démontrent les réussites récentes du Barça, du real Madrid, du Bayern, de la Juve ou du PSG.
Luis Gustavo brille dans un rôle de n°6 traditionnel en protection de la défense, mais ne prend aucun risque dans ses passes. La question se pose donc plutôt pour le second milieu défensif. Ramires a plutôt un profil de marathonien aimant percer les défenses, alors que si Fernandinho a pu avoir quelques inspirations, il ne parvient pas non plus à éclairer le jeu. Oscar et Wilian jouent souvent sur les côtés et ne peuvent pas toujours fluidifier le jeu, comme un milieu central.
Sur ce poste, peut être faut t il se tourner vers les espoirs. Le Brésil trouvera peut être un futur Xavi Alonso avec Lucas Silva. Peut être exploitera t il la qualité du jeu long de Casemiro ou comptera t il sur un Talisca à un poste reculé. De manière moins probable, peut être que Dunga repensera à l’option Ganso. Ce sont tout autant des pistes qui peuvent s’ouvrir à Dunga.

2) Certains joueurs qui posent question :

Lors de sa première titularisation sous Menezes, Oscar était destiné à devenir le nouveau n°10 brésilien.
Toutefois force est de constater qu’il n’a pas totalement confirmé le bien que l’on pouvait penser de lui.
A sa décharge, il occupe sous Mourinho et, auparavant, sous Scolari, un placement mystérieux et se voit dévoluer certaines taches tactiques obscures.
Cependant, il ne s’est qu’épisodiquement mis en valeur à la coupe, ou alors lorsque c’était trop tard. Sur ces 6 derniers matchs ou il occupait le côté gauche, il n’a rien réalisé de marquants exceptés quelques tirs sans danger et son corner contre l’Autriche. En clair, il faut remonter loin pour retrouver un match indiscutable d’Oscar. Dire que l’intéressé est en danger, il n’y a qu’un pas, alors que la concurrence fait rage. En effet, les rentrées souvent intéressantes de Douglas Costa, Coutinho ou Everton Ribeiro amènent davantage d’acuité à la question de la titularisation d’Oscar.
Par comparaison, Wilian lui, au moins, peut se prévaloir de certains bons matchs (Turquie, Colombie)

Luis Adriano n’a pas été lui aussi à la hauteur des deux chances qui lui ont été offertes. Il faut dire que le fantôme de Fred règne encore sur cette selecao.
Maintenant, après juste deux matchs et sans bons ballons à négocier, celui-ci garde sans doute un avenir.

3) le cas des défenses solides et regroupées :

Le Japon et la Turquie sont presque des équipes idéales pour le Brésil. Elles sont joueuses et laissent des espaces. On a pu voir que l’équipe brésilienne maitrise toujours bien ce type de formation. Cependant, face à une équipe comme l’Autriche, bien en place, rigoureuse, physique et en confiance, la donne n’est absolument plus la même. La seleção persiste à maintenir une réelle difficulté pour les jouer. Dans ces matchs, elle compte plus que jamais sur les exploits de ses talents et, particulièrement, de Neymar.

Qu’en tirer de tout ceci ? Pour y répondre, il faut savoir si le « Brésil fait de nouveau peur ». Il est un peu tôt pour avoir une opinion claire sur ce point, les médias ayant encore trop souvent d’évoquer le 7-1 lorsqu’ils parlent de la selecao.
On peut en tous cas dire, qu’elle interroge et recommence à inquiéter, preuve en est que l’Allemagne a refusé d’accorder une revanche au brésil en amical. A défaut de craindre un Brésil samba, les adversaires doivent comprendre sur ces 6 premiers matchs, qu’il s’agira d’une équipe dure à jouer et qui sanctionnera la moindre faille, la moindre faute.

Sa force dépendra de la qualité et de la vitesse de sa reconstruction, mais aussi à l’éclosion (ou non) de valeurs montantes.
Parmi ces valeurs en progression, on peut retrouver principalement Talisca, Lucas Silva et Firminho qui passent sous la loupe minutieuse des cadors européens. Certains ont même engagé les démarches de recrutement. L’avenir, tout au moins sur le papier, dépendra de l’aptitude de ces joueurs à venir enrichir l’effectif des « top players » brésiliens. Si le danger ne se résume plus qu’à Neymar, la seleção n’en sera que plus forte.

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sambafoot_admin
Nov 21, 2014

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